Réflexions et fortes ovations à répétitions, ont caractérisé la soirée de mercredi dernier au soir, au théâtre national algérien (TNA). Le public a beaucoup aimé le spectacle «Lala» du texte «Les bonnes» de l'auteur Jean Genet, adapté par Bouziane Ben Achour et la mise en scène par Khaled Belhadj. C'est une tragédie d'une durée de deux heures. Trois comédiennes évoluent sur une scène illuminée par un éclairage tricolore. Le thème abordé tourne autour du phénomène de la privation silencieuse dans la vie d'une femme. Il s'agit de : Meriem Alak, Imen Zamani et Ouarda Saïm. A la distribution, le jeu du comédien est très naturel. La trame de l'histoire gravite autour de trois personnages. Deux sœurs sont bonnes depuis quelques années chez une riche femme. La petite sœur semble plus révoltée que l'ainée qui est plutôt réservée. Au fil du temps, il n'est pas malaisé de constater que ces deux sœurs ont des tempéraments alambiqués, voire un peu loufoques car elles portent en catimini des robes de leur maitresse. Pis encore, elles sont animées d'une grande animosité envers leur patronne pourtant correcte et affable. Un jour venant, les deux sœurs décident d'empoisonner la patronne. Mais cette dernière ne boira pas le breuvage que les deux sœurs lui offrent. Face à un malaise identitaire, les deux sœurs iront, dans leur «déséquilibre», jusqu'à comploter le meurtre d'une des sœurs en vue de se faire connaître, sortir de l'anonymat et de l'univers de la privation silencieuse. Pour le metteur en scène, Khaled Belhadj, « Je suis fasciné par cet écrivain, poète, et auteur dramatique qu'est Jean Genet. J'aime sa façon d'écrire que je qualifie de raffinée et de riche. J'ai voulu relever le défi en entreprenant pour la première fois le travail avec à la fois délicat et ardu de la mise en scène de cette pièce de théâtre. J'ai été particulièrement passionné par la lecture de ce texte. J'ai pris tout mon temps pour le travailler et le concevoir ». Ce spectacle au décor simple, a su d'emblée plonger l'assistance dans une ambiance intime en lui ouvrant une lucarne sur le monde des désenchantés. Avec un art peu consommé de la mimique et des expressions corporelles, les deux comédiennes en l'occurrence les deux sœurs, ont su créer les situations du réel et raconter avec talent en usant des techniques proches de celles des règles classiques de l'art du théâtre. La pièce est divisée en plusieurs actes traitant chacun de problématiques succinctes et particulières. L'objectif recherché dans la pièce se projette dans le message de vouloir changer des attitudes sociales indésirables. Le spectateur n'est plus passif puisque l'œuvre fait appel à sa conscience sociale. Cette pièce est écrite dans un langage simple et met en scène des personnages facilement discernables. Khaled Belhadj comédien et metteur en scène de renom. Il a à son actif plus d'une vingtaine de pièces de théâtre dans différents registres pour différents publics. On citera les plus connues : «El Marstane», «Sayd Rajala», «Cervantès», «Slalate el mahabel». Notons que cet homme de théâtre compte investir le théâtre «petite enfance», un genre peu exploité en Algérie. C'est-à-dire dire mettre en scène des pièces destinées aux enfants qui ont entre 3 et 6 ans. Il a dernièrement réalisé deux pièces. La première s'intitule «La danse des doigts» et «La colombe et le serpent». A travers cette démarche, il confie qu'il vise à former le jeune public. Il compte collaborer avec le théâtre de Guelma pour réaliser un spectacle destiné pour la petite enfance. Il traitera de la solidarité et une leçon pratique sur les mathématiques.