Dans le cadre de Carte Blanche, une initiative lancée il y a deux ans par le Théâtre national algérien (TNA) dans le but semble t-il d'initier des vocations, le Théâtre régional de Mascara s'est invité ce week-end. Ce petit théatre a proposé une des œuvres emblématiques de la littérature française : " Les bonnes de Jean Genet " sous le titre, " Lalla ". quelle sinécure de toucher à un poète subversif mais ô combien humanitaire en témoigne ses positions politiques pendant la geurre d'Algérie et son engagement lors de la boucherie de Sabra et Chatila. D'une durée de 1h40mn, la pièce adaptée par le metteur en scène Khaled Belhadj, met en scène trois personnages féminins, une riche maîtresse de maison et deux sœurs employées comme bonnes chez elle. Ces deux bonnes, rôles interprétés par les comédiennes Meriem Allag et Iman Limani, font preuve d'une grande jalousie envers leur maîtresse (rôle tenu par Ouarda Saim) dont elles imitent les gestes en les exagérant, durant son absence. "Dans cette pièce, j'essaye d'aborder la problématique de la communication et des défauts tels que la crise de possession, la jalousie et la haine", a indiqué le metteur en scène, qui, en adaptant cette œuvre a voulu, a-t-il dit, "rendre hommage à Jean Genet, un auteur progressiste qui avait soutenu la cause nationale durant la guerre de libération nationale". Dans cette pièce, Khaled Belhadj a banni les accessoires de scène tout comme il a mis l'accent non sur la gestuelle des comédiens mais sur l'espace "pour laisser, place au jeu des comédiens", a-t-il dit. "J'ai utilisé une architecture irrégulière où s'insinuent des perspectives donnant des ombres afin d'obtenir un produit assez expressif dans sa finalité", a indiqué le metteur en scène qui a insisté sur les lumières afin, "d'accentuer le texte et l'expression des comédiens", a-t-il précisé. "Je voulais éviter la gestuelle gratuite des comédiens et faire plus dans l'interprétation en recherchant beaucoup plus l'intériorité des personnages", a souligné Belhadj qui a utilisé seulement deux couleurs sur scène pour, a-t-il confié" dégager une qualité d'une plastique des corps plus prononcée avec des clairs-obscurs de l'image". "On est presque en train de travailler dans un laboratoire de photographie en noir et blanc", a ajouté le metteur en scène à propos des effets de lumière de cette pièce qui a été également présentée jeudi au TNA. Il faut rappeler que cette pièce qui a été maintes fois adaptée dans l'hexagone est disponible sur le Net, et notre metteur en scène semble avoir gardé cette atmosphère du clair-obscur dans laquelle évoluait déjà les personnages dans les années 60 lors de sa première adaptation.