39.000 autistes ont été recensés à l'échelle nationale par le ministère de la Solidarité nationale, a indiqué, à Alger, le premier responsable du secteur, Djamel Ould Abbès. «Cette maladie a été occultée pendant longtemps, c'est pour cette raison que nous avons décidé que l'année 2010 soit l'année de l'autisme», a déclaré à la presse M. Ould Abbès lors d'une visite d'inspection au Centre médico-pédagogique pour enfants inadaptés mentaux et à l'Ecole des jeunes sourds à Alger. Il a, à cet effet, rappelé la décision du gouvernement de construire cette année deux centres nationaux de l'autisme, un à Annaba et un autre à Baraki (est d'Alger). «Nos spécialistes sont actuellement en relation avec leurs confrères canadiens, qui utilisent la meilleure méthode dans la prise en charge de ces malades», a-t-il ajouté. Selon le Pr Mahmoud Ould Taleb, chef de service de la clinique de pédopsychiatrie de Kouba, cette pathologie n'est nullement une fatalité. «L'autisme, très méconnue du grand public, n'est pas incurable», observe-t-il tout en reconnaissant que sa prise en charge est aléatoire. K.R., père d'un enfant autiste, en connaît quelque chose. «La prise en charge d'un autiste est catastrophique, en témoigne le peu de structures qui existent à l'échelle nationale». Et ceux qui ont la chance de voir leur enfant bénéficier d'un suivi dans un des trois centres doivent le reprendre au bout de quelques minutes. En tout, leur enfant est suivi chez le médecin traitant pendant seulement une heure à deux par semaine. Une situation qui a obligé son épouse à arrêter son travail pour se consacrer à leur enfant. D'autres parents ont carrément abandonné. Et ceux qui ont les moyens financiers font appel aux services d'un psychologue pour une séance complémentaire chiffrée à 600 dinars. Car la prise en charge d'un autiste doit être quotidienne est durant toute la journée. Face au manque de moyens, les médecins de l'hôpital de Cheraga ont proposé aux parents de les initier à la méthode ABA (analyse appliquée du comportement), c'est-à-dire un programme personnalisé intensif pour évaluer les points forts et les manques de chaque enfant. «Mais à l'heure actuelle, rien n'a été fait», précise K.R. L'autre problème soulevé par ce parent est la méconnaissance des symptômes de l'autisme par la grande majorité des pédiatres alors que cette pathologie doit être détectée avant cinq ans. A cet effet, le Pr Ould Taleb propose un plan pour la santé mentale infanto-juvénile. Un tel plan pour ce professionnel est indispensable dans le sens où il permettra de définir les besoins en la matière et dégager les moyens humains et financiers pour combler les retards à tous les niveaux de la prise en charge des autistes.