Photo: Slimene SA. Six ans déjà après le séisme du 21 mai 2003, des sinistrés s'abritent toujours sous des chalets. A Ouled Hedadj, dans la wilaya de Boumerdès, ils continuent de vivre dans des habitations usées par le temps et parfois dépourvues de toutes commodités. Mais tous ne sont pas les victimes du tremblement de terre. Parmi eux, il y a aussi les indus occupants à la recherche d'un logement. « Les autorités nous ont oubliés, nous ne savons plus quoi faire », dira El Hadja qui occupe depuis 6 ans un chalet avec dix membres de sa famille le chalet n° 144. Le mois dernier, les responsables de l'APC leur ont promis un relogement. Ils avaient même fixé la date de déménagement au 20 juillet. «Nous ne les avons plus revus depuis », ajoute-t-elle. Pour l'heure, rien ne semble bouger. Les gens se présentent souvent à l'APC pour tenter de connaître le sort réservé à leurs demandes de relogement mais ils reviennent bredouilles. Leur quotidien n'est pas de tout repos : coupures récurrentes d'électricité, coupures d'eau et insalubrité des lieux constituent les principaux problèmes auxquels ils sont confrontés. En outre, la majorité de ces habitations préfabriquées est détériorée alors que d'autres risquent de ne plus tenir longtemps. Selon Yahia, représentant du comité de quartier, ces chalets sont censés être des habitations provisoires mais voilà qu'aujourd'hui elles sont devenues fixes. «Certains propriétaires ont loué leurs chalets en sous main à des gens venant de l'extérieur de la wilaya, après avoir bénéficié d'un logement dans le cadre du relogement des sinistrés, alors qu'une autre partie de ces chalets fait l'objet de squat». Preuve à l'appui, un homme faisant partie dudit comité de quartier reconnaît qu'il vient juste de s'installer dans les lieux. «L'origine de cette situation trouve son explication dans la mauvaise gestion par les services concernés du dossier du relogement des sinistrés», atteste M. Yahia. A cette situation est venue s'ajouter l'obligation faite aux habitants de payer un loyer de 1200 DA que M. Cheikh trouve exagérée. «Ceux qui ne peuvent régler leur loyer sont pénalisés pour les retards », se désole-t-il. En cette période d'été tant redoutée par les résidents, la vie n'est pas facile. La chaleur est infernale, particulièrement le soir. La canicule et la promiscuité ne vont pas de paire. Pour éviter que les femmes et les enfants suffoquent, les hommes investissent les couloirs étroits pour y dormir ou s'installent carrément dans les espaces transformés en un semblant de jardins aménagés à l'intérieur des chalets. C'est le cas de Mohamed. Ce jeune homme a plutôt la main verte. Et cela se remarque dans son habitation qui se distingue des autres. Elle est recouverte de plantes grimpantes aux fleurs odorantes. « La verdure aide à attirer l'air frais », dira-t-il. Et d'ajouter : «Ici, on subit l'enfer de la canicule ». Sa mère, elle, se plaint de l'invasion des insectes. « Ces bestioles vivent avec nous, elles surgissent de partout et des moindres recoins », soupire-t-elle. La cause ? Les détritus. De l'autre côté du site, les ordures s'entassent en pyramides. Ce sont les enfants qui les transportent à l'aide de brouettes jusque- là. Les sachets en plastiques font parti du décor. « Ici, la propreté est le dernier souci de certains habitants », affirme un résident. En cette période estivale, un grand nombre d'enfants résidant dans les chalets n'ont pas profité de leurs vacances. C'est le cas de Mehdi. Pour passer son temps, il circule à vélo entre les baraques. Les aires de jeux font défaut. Rafik est un petit garçon de 8 ans. Il avait deux ans quand sa famille est venue s'installer dans le chalet. Faute de moyens, il passe ses vacances à la maison. Pour Asma, les vacances sont aussi synonymes de lassitude. Pour meubler son temps, elle se rend chaque après-midi chez sa copine pour jouer à la poupée. Quand il fait chaud, elles remplissent une bassine d'eau et restent à l'intérieur pour se barbouiller. Le reste du temps, elles jouent dehors. Le panorama n'est guère enchanteur. Sur le trottoir élu aire de jeux par les petites filles, coulent des eaux usées qui dégagent une odeur nauséabonde sous la chaleur.