Le colloque international sur les essais nucléaires à Regagne, prévu du 22 au 23 février à Alger, remet au goût du jour une problématique qui est plus que d'actualité, les radiations nucléaires étant toujours exposées dans le sud de l'Algérie, affectant habitants, flore, faune et dont la durée de vie est estimée à des centaines d'années. Une préoccupation qui ne concerne pas seulement l'Algérie mais également la France puisque cette dernière est l'auteur des essais nucléaires à Reggane d'un côté, et élaboratrice d'une loi pour l'indemnisation des victimes du nucléaire, d'un autre côté. Une loi jugée toutefois «insuffisante» car elle étudie les victimes cas par cas. Mais là n'est pas l'unique raison. La société civile algérienne s'interroge, en effet, sur l'utilité de cette loi alors que le plutonium continue toujours de sévir contre l'environnement humain, animalier et agricole dans la région sud. «Nous rejetons l'indemnisation, insuffisante, prévue par la loi française du 22 décembre 2009 car, ce n'est pas avec quelques sous qu'on va régler un problème qui affecte plusieurs générations», affirme Abderahmane Leksassi, vice-président de l'association du 13 février 1960, habitant Reggane. Aujourd'hui, la société exige plus que des indemnisations. Elle revendique que les habitants de la région bénéficient d'examens médicaux approfondis, qu'un hôpital spécialisé dans le traitement des maladies provoquées par les radiations soit construit mais surtout que les sites affectés soient décontaminés. Ce qui est possible, selon des spécialistes. Pour cela, il suffit de mobiliser les moyens et la volonté pour ramasser les déchets et les stocker selon les normes internationales. Les experts affirment, dans ce sens, qu'il faudrait envoyer, dans la région affectée, des commissions de scientifiques, d'experts, de médecins…avec la collaboration de la France qui doit remettre les plans des sites qu'elle détient en sa possession. «Aucune décontamination sérieuse n'a été effectuée par la France. Dans certaines zones près de Reggane, la radioactivité ambiante est aujourd'hui de 22 fois supérieure aux normes internationales», selon Mohammed Bendjebbar, président de l'Association algérienne des victimes des essais nucléaires (AAVEN). A ce propos, selon une source diplomatique française reprise par la presse de l'Hexagone, le centre des travaux du comité conjoint franco-algérien, mis en place après la visite en 2007 du président français Nicolas Sarkozy en Algérie, est chargé, depuis quelques mois, de réaliser une expertise des sites nucléaires pour établir un état des lieux et parvenir ainsi à un diagnostic. D'après cette source diplomatique, ce groupe technique travaille depuis un an sur cette question.