Le colloque international sur les essais nucléaires dans le monde, où le Sahara algérien était choisi comme cas d'illustration, aura permis la réouverture du dossier demeuré enfoui dans les oubliettes depuis maintenant plus de 40 années. Placé sous le haut patronage du président de la République et organisé par le ministère des Moudjahidine, ce rendez-vous, le premier de cette envergure, a vu la participation de plusieurs personnalités, de victimes de ces essais et d'experts en la matière. Hier, au second jour de la rencontre, l'indifférence, surtout les mauvaises intentions de la France coloniale ont été clairement mises à nue par les nombreux intervenants, y compris par des Français. Les dégâts sont énormes. Très rares sont les gens qui savent que, parce qu'atteint d'un haut degré de pollution, l'Oued Mesloune qui débouche sur Adrar a été détourné et les populations proches de cet énorme cours d'eau, ne bénéficient plus de ses ressources…Voici un des renseignements tirés de ce Colloque… A la fin des travaux qui ont duré deux journées, soit hier et avant-hier, une plate forme des futures revendications, rédigées sous forme de recommandations, a été dégagée. Les participants ont donc conclu à la nécessité de promouvoir la réécriture de l'histoire de l'occupation française de l'Algérie, déployant un travail de recherche de proximité devant toucher et recueillir de manière concrète les témoignages encore possibles et existants. Une réécriture qui doit aussi s'appuyer sur les opinions des juristes. La coopération entre les différents secteurs, tous ceux en possession de données et d'informations sur les essais est ainsi souhaitée, étant une manière efficace et peu coûteuse d'épargner aux spécialistes et chercheurs locaux en matières nucléaires de déployer des efforts inutiles avant d'arriver aux mêmes données déjà disponibles. Les participants à ce colloque ont aussi émis le vœux d'introduire une clause à la convention internationale de lutte contre la prolifération du nucléaire afin de garantir aux victimes une prise en charge réelle. Le plus important, c'est la responsabilité endossée pour une fois de manière aussi solonnelle à l'adresse de l'Etat français. Celui-ci est tout simplement invité à assumer ses actes, indéniables du reste. Cela passe par le nettoiement de toutes les zones affectées, à différents degrés, à la délimitation des endroits des essais et la définition surtout des zones où les restes et débris des installations et des tirs d'essais ont été enterrés, continuant à causer de fâcheux dégâts à l'environnement, à la faune, à la flore et aux ressources hydriques. Enfin, la partie algérienne a lancé un appel à la France pour la mise en place d'un système de contrôle et de surveillance permanente des zones affectées par ces essais. Lors de son intervention, concernant ce dossier toujours aussi complexe et épineux, M. Mohammed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine, a souligné qu'il convient " de mobiliser autant d'efforts, de soins et de ressources, humaines et matérielles, qu'il aura fallu pour la mise au point de ce programme nucléaire essayé à Reggane, pour tenter d'effacer les graves séquelles occasionnées dans la région ". Le ministre a indiqué, en outre, que la tenue de ce colloque a été propulsé par les demandes insistantes des associations nationales des victimes de ces essais qui deviennt de plus en plus nombreuses. Les interventions des nombreux rescapés, mais néanmoins victimes de cette tragédie, étaient touchantes et émouvantes. Les militaires et l'administration française de l'époque, ne se sont pas souciés de la santé, ni des militaires, ni des Algériens mobilisés à titre de cobayes, ni encore moins des populations environnantes. Pis, la même attitude d'indifférence et de dédain a été observée même plus tard, après les épreuves. " Il y a eu incontestablement un second crime de non assistance à personnes en danger ", déclare M. Michel Verger, l'un des vétérans de Reggane…