Cet ancien journaliste de la Chaine 1 connait sur le bout des doigts l'histoire des radios locales. Il a dirigé certaines d'entre elles comme celles de Tamanrasset et de Ouargla et fit partie de la cellule qui, au niveau de la centrale, s'occupa du dossier. Il arriva à Bechar au début de 1988, deux ans après l'ouverture de la station régionale. «La radio nationale était en perte de vitesse et beaucoup à l'époque voyaient avec suspicion l'émergence des radios locales assimilées à un germe de division». « J'avais, raconte-t-il, presque mis au pied du mur le directeur de l'ENRS, Tahar Ouettar, qui avait déterré le rapport que nous avions rédigé à l'époque pour souligner la nécessité de médias de proximité ». L'air du temps était alors à l'ouverture. Sans une écoute attentive des citoyens et un intérêt pour leurs préoccupations, les gens tourneraient le dos aux médias nationaux. L'homme se rappelle toujours d'une visite à un des ksars de la wilaya frontalière du Maroc. Un professeur lui raconta comment les élèves étaient plus branchés sur les médias marocains. Ils connaissaient davantage les villes du royaume que celles de leur pays. Vu la proximité et la similitude des traditions culinaires et musicales, il fallait, par un souci de préserver et fortifier la souveraineté nationale, mettre en place cette radio. Une sorte de guerre des ondes s'amorce et les Marocains avaient renforcé les émetteurs dans la région du Sud. M. Ghodbane estime que la bataille est gagnée. « Nous avons gagné même des auditeurs chez nos voisins ». Les gens à Bechar ne se sentent plus obligés de se brancher sur Midi 1 pour s'informer ou écouter de la bonne musique.