Photo : Fouad S. L'absence de journaux et revues de qualité destinés aux jeunes reste une des faiblesses de la presse nationale. Dans les brassées de journaux qui encombrent chaque matin les kiosques, il est quasiment impossible de dénicher une publication qui s'adresse exclusivement à des tranches d'âge comme les préadolescents ou les adolescents. A vrai dire on n'a jamais tourné le dos à un quelconque âge d'or. Le fameux Mquidech n'a jamais pu rivaliser ou faire oublier Popeye ou Pif. Dans les années 70, il existait certes des titres trompeurs comme l'Unité qui remplaça Echabab de la JFLN. Apparurent ensuite Jeunesse Action ou des journaux comme Horizons qui à sa naissance créa des rubriques alors inédites dans le paysage médiatique. Il faut sans doute rappeler qu'il fut le premier à introduire les annonces matrimoniales. Les pages réservées à la jeunesse, aux loisirs étaient toutefois des desserts le plat de résistance restant toujours la politique. Avant l'avènement du terrorisme qui fit la part belle aux informations sécuritaires, un journal comme Panorama se vendait au début des années 90 comme des petits pains. Les télévisions satellitaires ont popularisé le star- système qui fait des chanteurs et acteurs davantage que les politiques des raisons de vendre. Peut-on toujours séduire une frange importante de la population en ne comptant que sur le sport qui est loin de refléter les curiosités propres à cet âge ? Ceux qui tentent de combler le vide criard à l'image d'El Djamila (la belle), Ahlam (rêves) en arabe ou «les nouvelles confidences» se comptent sur les doigts d'une seule main. Ne doit- on pas, pourtant par des titres bien ciblés, qui refléteraient les émois et les rêves propres à cet âge préparer le lecteur de demain ? C'est en apprenant aux jeunes à rêver et à voyager entre les mots qu'on initie à la lecture, qu'on développe les facultés d'inventivité . Au niveau strictement économique, les albums pour les jeunes favorisent l'essor d'autres activités artistiques comme le dessin, la musique, la publicité…etc.…. Force est de constater que nous sommes une société davantage tournée vers son passé que scrutant son avenir. Hormis les albums puisés de la riche tradition des contes populaires, peu d'auteurs écrivent pour les jeunes. La demande et les besoins existent. Il suffit de voir la ruée sur les rayons jeunesse lors des foires du livre. Aujourd'hui, les collégiens ou les lycéens n'ont pas vraiment l'embarras du choix. Sans parler des enfants qui, sous d'autres cieux mobilisent des réseaux d'édition divers et prospères. Chez nous les adolescents sont presque sont astreints de lire les mêmes publications que leurs aînés. La plupart consacre des rubriques où l'inévitable horoscope et les recettes de cuisine côtoient les demandes d'emplois ou les dernières nouvelles ou déboires des stars. Hors des horoscopes uniformes, des conseils de beauté et depuis peu, la vie fouillée des joueurs de foot , les préoccupations de l'âge de l'éveil et de l'ingratitude sont réduites à quelques chétives feuilles. Elles consentent aussi à publier des poèmes, des cours de colère et des SOS de tendresse. En vogue à son apparition, la presse du cœur qui séduisait semble connaître un réel reflux. Elle verse depuis des années dans le sordide, ne se fixant que sur les faces sombres de la société. Certes, les lecteurs de la presse à caniveaux ont toujours existé. Fragilisée par les brusques mutations de sa société de du monde, la jeunesse algérienne a t-elle vraiment besoin de tribunes qui n'exaltent que les impuretés ?