Dans cet entretien, le diplomate turc revient sur les relations entre l'Algérie et son pays et Ankara. Il évoque également le désir de la Turquie de renforcer ses liens avec l'Algérie non seulement à travers un commerce mutuellement bénéfique mais aussi par le biais d'investissements turcs qu'il juge d'ailleurs pas suffisants. Où en sont les relations entre la Turquie et l'Algérie ? Elles sont excellentes dans les domaines politique, économique, commercial et culturel. Je tiens à dire que je suis très heureux d'être en Algérie. Notre tâche est de promouvoir les relations économiques et de les accroître davantage. Je ne pense jamais à une collaboration au bénéfice d'une seule partie. Ma conviction est que chaque projet d'investissement doit être bénéfique aux deux pays. A l'heure actuelle, nous avons un volume d'échanges commerciaux qui n'est pas négligeable. Il a été de cinq milliards de dollars US en 2009, mais le gouvernement turc pense qu'il y a un grand potentiel économique à fructifier entre les deux pays. Malgré l'excellence des relations entre les deux pays, les investissements turcs en Algérie sont assez faibles… Les investissements turcs en Algérie ont atteint environ 300 millions de dollars. C'est un chiffre assez bas et pourtant il y a beaucoup de choses à faire en Algérie. Il faut dynamiser les relations économiques entre les deux pays et notre tâche est justement d'ouvrir les voies pour une coopération plus étroite. Dans cette optique, il y a un conseil des hommes d'affaires algéro-turcs qui a été institué au sein de l'administration du conseil des relations extérieures de Turquie et il y a un conseil d'affaires turc qui est en fonction mais je crois que ce conseil doit être plus actif. A cet effet, nous avons entrepris, ces derniers temps, d'installer la chambre d'industrie et de commerce algéro-turque à Alger qui devrait être fonctionnelle dans un ou deux mois. La mise en place de cette institution sera bien sûr basée sur le partenariat et sera au début représentée par vingt hommes d'affaires algériens et turcs. Cette chambre va ouvrir les canaux de communication et aider au mieux le milieu des hommes d'affaires à se réunir plus fréquemment à l'avenir. Comment peut-on renforcer les relations économiques entre les deux ? Dans une semaine, plus exactement les 10 et 11 de ce mois, il y aura la 9e session de la commission économique mixte algéro-turque qui sera présidée par M. Chakib Khalil du côté algérien et du ministre d'Etat turc. Durant ces deux jours, on discutera des points relatifs à la coopération économique et commerciale entre les deux pays. Il est également prévu de discuter sur la conclusion de certains accords bilatéraux comme le traité de la sécurité sociale et l'accord de la protection des investissements dans les deux pays. Cette commission économique mixte est une occasion pour les deux pays de revoir leurs relations économiques. En 2009, la Turquie a émis le vœu de signer un accord de libre échange avec l'Algérie tout comme elle l'a fait avec des pays du Maghreb… Nous avons signé des accords de libre échange avec l'ensemble des pays maghrébins. Poue ce qui est de l'Algérie, nous attendons la réponse. Des opérateurs économiques algériens en relation avec leurs homologues turcs regrettent les difficultés auxquelles ils font face pour l'obtention du visa. Ne pensez-vous pas que cette situation pourrait porter préjudice aux relations entre les deux pays ? Oui, il est vrai que nous avons fait des exemptions de visa pour les hommes d'affaires des pays avec lesquels nous avons des accords de libre échange et il est possible de le faire pour les Algériens. Je n'y vois aucun inconvénient à condition que cet accord soit fait mutuellement entre les deux pays. Quelle appréciation faites-vous l'économie algérienne ? L'Algérie est un pays qui est en phase de transition d'une économie dirigée à une économie de marché. La Turquie a vécu aussi cette expérience au début des années 1980 et je dois dire que cela n'est pas facile. Durant les années 1980, on a eu beaucoup de difficultés, mais cette démarche vers l'économie de marché et vers l'intégration dans l'économie mondiale a été faite par le biais des petites et moyennes entreprises (PME). Je crois que c'est la meilleure façon de relever le défi économique et aujourd'hui, en Turquie, 90% des exportations se font à travers les PME. Donc nous souhaitons la même chose pour l'Algérie. Je pense que ça sera grâce aux PME que l'Algérie réalisera son redressement économique et prendra sa place dans le continent africain en premier lieu et ensuite dans l'économie mondiale.