La fourniture d'assistance en matière d'enquête sur le financement du terrorisme a été débattue hier à Alger lors d'un atelier régional organisé par le Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme, en collaboration avec l'ambassade du Canada en Algérie. A l'ouverture de cette rencontre, Lyès Boukraâ, directeur par intérim du centre, a affirmé que le terrorisme est devenu le principal péril qui menace l'humanité. Il a rappelé, à cette occasion, que chaque jour qui passe, « nous impose cette comptabilité macabre qui consiste à collationner le nombre de morts et de blessés, victimes des attentats terroristes ». M. Boukraâ a affirmé que la communauté internationale et l'Union africaine ont fait de l'extermination de ce fléau une des toutes premières priorités. En outre, il a souligné que le redéploiement d'al Qaïda au Maghreb islamique dans la zone sahélo-saharienne, la montée en puissance des Shabab dans la Corne de l'Afrique, la prolifération d'organisations sympathisantes ou affiliées à al Qaïda en Afrique de l'ouest et en Afrique centrale, « nous disent chaque jour la nécessité de coopérer davantage afin de mieux riposter ». Pour lui, la nécessité de coopérer ne prête plus à discussion, mais il reste seulement à préciser les conditions d'une coopération fructueuse et profitable pour l'ensemble des partenaires concernés. Pour une telle coopération, il a requis trois exigences, à savoir une volonté politique de combattre le terrorisme, une juste et commune détermination de la menace, ainsi qu'une stratégie cohérente et conséquente de lutte. Toutefois, M. Boukraâ a précisé que l'assistance des puissances occidentales aux pays du Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ne doit pas dégénérer en une ingérence étrangère dans les affaires de ces Etats. Le terrorisme, dit-il, est une menace qui nécessite une coopération de toute la communauté internationale, mais celle-ci doit se faire en fonction des besoins exprimés par les pays les plus touchés et ne pas dégénérer en ingérence. M. Boukraâ a estimé que cette coopération internationale doit se faire dans un cadre explicite, clair et permanent, puisque « l'ingérence étrangère peut compliquer l'équation sécuritaire ». M. Boukraâ a noté que « nous sommes favorables à l'assistance des pays puissants, mais cette assistance doit se faire dans un cadre précis et en fonction des besoins exprimés, dans la transparence et avec le souci de combattre le terrorisme jusqu'à ses dernières retranchements ». Ce séminaire, a-t-il expliqué, vise à former des enquêteurs spécialisés dans la lutte contre le financement du terrorisme. Citant le blanchiment d'argent, les kidnappings, le racket, la contrebande, le trafic et le secteur informel comme étant des sources à travers lesquelles le terrorisme se finance, M. Boukraâ a estimé que l'échange d'informations et de renseignements constitue la meilleure formule pour lutter contre ce fléau transnational. De son côté, Patrick Parisot, ambassadeur du Canada, a indiqué que plusieurs pays d'Afrique du nord et de l'ouest sont exposés à la menace terroriste depuis de nombreuses années. Il a souligné la détermination de son pays à travailler avec l'Algérie et les pays de la région du Sahel. Le diplomate canadien a reconnu que seule une action véritablement multidisciplinaire peut être efficace.