Doha, N'Djamena et le Caire volent au secours de Khartoum. La première a permis jeudi à Ghazi Salah Eddin Atabani du gouvernement soudanais et El-Tijani El-Sissi, représentant le Mouvement de Libération et de Justice et plusieurs groupes rebelles du Darfour, dont les dissidents du Mouvement de libération du Soudan (MLS) d'Abdelwahid Elnur, de se retrouver pour signer une trêve de trois mois reconductible. « C'est une étape qui pourrait ouvrir la voie à des négociations politiques et un accord de paix global, une paix durable et une stabilité au Darfour si toutes les parties impliquées par cet accord, s'engagent à son application » affirme Ibrahim Gambari, le représentant spécial conjoint de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour. « Il est temps pour l'ensemble des parties d'entamer le processus de développement » estime le prince héritier du Qatar, Cheikh Tamin ben Hamad Al-Thani, dont le pays a fait office de médiateur lors des pourparlers, convaincu que « la paix est très proche maintenant ». Ali Osman Taha, le vice-président soudanais qui a assisté à la cérémonie de signature, a réitéré l'engagement entier du gouvernement pour des discussions politiques et un accord de paix définitif après ce « pas important accompli dans la voie de la paix ». Cet accord est le second que signe Khartoum dans la capitale qatarie en moins d'un mois. Le 23 février il avait négocié un cessez-le-feu similaire avec le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus puissant des groupes rebelles. Ce mouvement a renoncé après trois jours de discussions à huis clos avec des délégués de Khartoum à N'Djamena, sous l'égide du président tchadien Idriss Deby Itno à une de ses exigences : le report des élections générales d'avril prochain. Outre sa légalisation comme parti politique, a posé d'autres conditions. Comme conserver ses forces intactes, le retour des réfugiés au Soudan et leur dédommagement, la création d'un fonds pour la réhabilitation du Darfour et représenter la totalité des groupes rebelles lors des négociations avec le gouvernement. Le Caire, la capitale égyptienne entend rehausser sa visibilité dans un dossier où elle est apparue, à l'inverse de Doha et N'Ndjamena, effacée malgré sa proximité. Elle abrite demain une conférence des donateurs pour réunir deux milliards de dollars nécessaires à la reconstruction du Darfour. Omar el-Béchir, le candidat à sa propre succession, a un regard sur ces élections que les analystes lui suggèrent de reporter légèrement et le référendum de janvier 2011, sur la sécession du Sud.