Le rideau de la 10e édition du festival amazigh est tombé samedi dernier au soir. Et ce par la cérémonie de clôture qui a vu les organisateurs attribuer les différents prix «L'olivier d'or» aux lauréats de ce festival. Ainsi le film Itto Titrit (Etoile du matin) du réalisateur marocain Mohamed Oumouloud Abbazi a été sacré meilleur long métrage pour avoir reçu le suffrage de 08 des 09 voix du jury et se voir ainsi attribuer l'Olivier d'or du meilleur long-métrage, devant les deux autres films en compétition. Après avoir reçu le prix des mains du wali de Tizi-Ouzou, M. Abbazi a eu de la peine à contenir son émotion en s'exprimant en berbère rifain. Pour lui, ce sacre n'est pas le sien uniquement ou de son équipe mais «tout simplement celui des deux peuples algérien et marocain en général et des amazighes du Maghreb en particulier». Le film retrace l'histoire d'une petite fille Itto Titrit qui rêve de briser les tabous qui l'empêche d'accéder à l'école, s'asseoir côte à côte avec son amour d'enfance, arracher le droit de décider de son destin et mettre fin à la dictature de l'homme. Et ce durant une période de la vie du peuple marocain entre 1953 et 1957 qui était mobilisé pour exiger le retour du Sultan nationaliste Mohamed V. Pour ce qui est du prix du meilleur court-métrage, il est revenu à Omar Belkacemi et son œuvre « Dihia » qui retrace la vie d'une femme « Dihia » qui vit seule avec son fils Méziane dans un village kabyle alors que son mari a été forcé à l'exil. Pour sa part, Abderrezak Larbi Chérif s'est vu décerner l'Olivier d'or du film documentaire retraçant la vie et l'œuvre du maître Kamel Hamadi et ce ne présence de ce dernier. L'œuvre ayant reçu la mention spéciale du jury est le documentaire de Rabie Ben-Mokhtar «Tin-Hinan la légende touarègue». Quant au meilleur scénario, le jury n'a retenu aucun texte du fait de la faiblesse de ceux présentés. Cette 10e édition a été clôturée par une prestation remarquable d'un trio inédit qui a remis au goût du jour la pièce de théâtre «Babor Eghrak» d'une composition tout aussi inédite. En effet, l'auteur de cette pièce qui reste un monument du théâtre algérien, Slimane Benaissa avait dit les textes de cette dernière que le poète Benmohamed a traduits et déclamés en berbère pendant que Lounis Ait Menguellet avec son mandole exécutait ses morceaux en rapport avec le sujet. A l'issue de la cérémonie de remise des trophées nous nous sommes approchés des lauréats pour nous livrer à chaud leurs impressions sur la 10ème édition de ce festival du film amazighe • Larbi Chérif (Meilleur documentaire) : C'est le fruit d'un travail titanesque déployé par une équipe qui a fait preuve de beaucoup de patience et surtout de dextérité pour faire découvrir une longue carrière et surtout riche d'un homme comme Kamel Hamadi pour toute son œuvre. Cet olivier d'or est aussi le sien, il consacre toute une carrière. Ce titre l'équipe le dédie à toutes les femmes et surtout à sa femme Nora. • Omar Belklacemi (meilleur Court métrage) :Le festival a démontré qu'il existe du talent chez nous. Il a surtout apporté la preuve que nous avons les potentialités humaines pour faire du bon boulot reste à encourager tout cela par les moyens financiers et matériels car aujourd'hui on ne pas faire du cinéma avec les moyens dérisoires dont nous disposons. • Rabie Ben Mokhtar (Prix spécial du jury) : Je suis content que le jury ait pensé à moi. C'est là la récompense du travail de toute une équipe qui a donné ce qu'elle pouvait malgré le peu de moyens. Le festival s'est déroulé dans une parfaite ambiance avec un public très attentif et connaisseur. Je dirai que ce festival est désormais un tremplin pour tous les jeunes cinéastes pour réussir une grande carrière. • Slimane Benaissa (Dramaturge) : Ce fut un réel plaisir que de me retrouver dans cette scène qui est pour moi mythique de la Maison de la culture Mouloud Mammeri où j'avais écris et joué cette pièce de Babor Eghrak. Une pièce que nous espérerons rejouer avec les mêmes acteurs de l'époque voir même avec de jeunes acteurs qui sauront être à la hauteur. Je déplore seulement que l'on ne nous écoute pas que l'on ne nous accorde pas beaucoup d'attention. Savez vous que je cours derrière la télévision depuis 04 années pour monter une pièce qui dans les textes est déjà prête. Ce ne sont pas les textes qui nous manquent nous en avons produit énormément et ne demandent qu'à être mis en scène. Mais nous entendons toujours un signe de la télévision qui semble-t-il nous fera signer un contrat cette semaine. • Ali Tadjer (président du Jury) : Le festival a été très relevé. Nous avons visionné des produits de qualité qui méritent tous d'être récompensés mais nous avons aussi décelé certaines faiblesses que nous avons notées et que nous allons transmettre aux intéressés. Dans l'ensemble je dirai que cette édition est une édition d'un bon crû. Il reste maintenant à travailler et toujours travailler. • Ali Mouzaoui (réalisateur de M. Feraoun) : J'espère voir l'université, l'éducation nationale et la formation professionnelle s'ouvrir sur les métiers du cinéma. Il est temps que ces institutions ouvrent des filières et autres chaires en cinéma. Certains métiers qui nous font cruellement défaut peuvent être rapidement formés surtout que certains ne nécessitent pas un grand niveau d'instruction. Cela permettra à de nombreux jeunes n'ayant pas réussi leur Bac et aujourd'hui chômeurs d'accéder à l'emploi.