Photo : Makine F. Il est loin le temps de l'euphorie liée au « boom » de la presse dite « indépendante », constituée en grande partie de journaux francophones, dont certains avaient atteint des tirages de plusieurs centaines de milliers d'exemplaires au tout début de l'ouverture démocratique. L'essoufflement d'aujourd'hui est, comme de juste, provoqué par plusieurs facteurs, dont certains s'entrecroisent. Ils constituent à ce titre une sorte d'équation à plusieurs inconnues. La profusion de titres, doublé d'une chute drastique de la qualité même des produits proposés, avec en prime la perte des repères premiers (qui étaient ceux de la lutte pour la liberté et contre l'intégrisme islamiste), ont fait que le lectorat s'est petit à petit désintéressé de la presse écrite. Car, en parallèle, le développement d'Internet, l'info « on line », en temps réel, et cette tradition nouvelle de la recherche de l'image, ont éloigné de plus en plus de personnes de la lecture. Du moins celle, traditionnelle, que nous connaissions jusque-là. Ce dernier phénomène, loin d'être propre à l'Algérie, s'est traduit par des crises, parfois insurmontables, vécues par des journaux ayant pignon sur rue, tirant à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, et représentant de véritables institutions à l'échelle mondiale. . Les jeunes générations, particulièrement faibles et désintéressées vis-à-vis de la langue française, plus portées sur la télé et l'Internet que sur les journaux, ont fait que la plupart des publications actuelles vivent surtout de leur publicité et d'une sorte de lectorat traditionnel dont la moyenne d'âge dépasse la quarantaine d'années. Ainsi donc, si la courbe n'est pas infléchie, la crise d'essoufflement actuelle, que tout un chacun ignore pudiquement, risque de s'exacerber jusqu'à déboucher sur une situation aux conséquences incommensurables.