Kadima, le plus grand groupe au Parlement avec 28 élus, pourrait entrer au gouvernement pour recadrer la politique étrangère israélienne si le Premier ministre consent à un changement dans sa politique et cesse de «succomber» à ses «fantaisies politiques». Le Premier ministre du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israë finira-t-il par payer chèrement sa politique arrogante et son insistance à défier la volonté internationale, particulièrement celle des Etats-Unis ? 56 % des Israéliens estiment que Kadima de Tzipi Livni doit entrer au gouvernement pour prendre la place des extrémistes. Cette idée de renvoi du Shas, le parti religieux ultra-orthodoxe et d'Israël Beitenou d'Avigdor Lieberman, est évoquée avec insistance depuis peu, tant à Tel-Aviv qu'à Washington qui estiment que l'absence de progrès dans le processus de paix «met en danger les troupes américaines à travers le monde, en exacerbant le fanatisme islamiste et en limitant les partenariats stratégiques avec les Etats arabes». Le président Shimon Perès qui souhaite un accord de paix avec les Palestiniens, la soutiendrait. Netanyahu qui semble se soucier plus de «l'avis des colons» que de celui de la Maison Blanche, sait que faire entrer Kadima, c'est prendre le risque d'une scission au sein du Likoud, son parti qui poursuit une politique étrange : la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, y compris à El Qods-Est qui rendrait «impossible» la viabilité d'un Etat palestinien contenu déjà comme principe dans le plan de Bill Clinton de fin 2000, défini clairement par le président Bush en 2003 et repris par l'administration de Barack Obama et «inévitable» la transformation de l'Etat hébreu en Etat binational. Certains responsables de Kadima laissent entendre qu'ils pourraient accepter d'entrer au gouvernement si Netanyahou rompait ses alliances avec les partis extrémistes. Comme pour accélérer cette révolution de palais, le parti travailliste d'Ehud Barak laisse entendre qu'il va réexaminer prochainement sa participation à la coalition gouvernementale. «Notre groupe parlementaire doit se réunir après le 5 avril prochain pour reconsidérer notre participation au gouvernement, au vu de son programme politique (...) Nous préconisons l'entrée au gouvernement du Kadima », déclare le ministre israélien des Affaires sociales, Yitzhak Herzog. Benjamin Netanyahou a réussi en une année une prouesse inédite : donner un coup d'arrêt aux négociations de paix avec les Palestiniens, et créer une crise sans pareil avec les Etats-Unis. Poussé dans ses derniers retranchements par les Etats-Unis, l'Union européenne et les Palestiniens soutenus par la Ligue arabe, le Premier ministre israélien doit choisir entre le maintien de sa majorité au gouvernement et les « gestes » pour rétablir la confiance des Palestiniens, demandés par Barack Obama, synonymes d'implosion de sa coalition qui s'appuie sur une assise parlementaire de 74 députés. En attendant ce «choix», les Palestiniens des Territoires occupés rêvent d'une troisième intifada, la moitié de la population israélienne estime que l'entêtement de leur Premier ministre à vouloir continuer à construire à El Qods-Est, même au prix d'une crise avec les Américains - qui offrent en permanence à l'Etat hébreu une aide annuelle de 3 milliards de dollars et un parapluie au Conseil de sécurité aux votes hostiles - est «irresponsable», Tsahal annonce le bouclage de la Cisjordanie jusqu'au 6 avril à minuit pour des «raisons de sécurité» et certains ministres du Likoud, comme celui des Finances, Youval Steinitz, préconisent la « liquidation » de Hamas, voire un remake de «Plomb Durci».