Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, soupçonne les Etats-Unis et Israël d'utiliser le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) qui soupçonne six membres de son mouvement qu'il a auditionnés cette semaine d'être impliqués dans l'assassinat de Rafic Hariri de «casser» la Résistance. Le leader du mouvement chiite s'interroge publiquement sur les «visées» profondes de Daniel Bellemare, procureur général du TSL et de ses assistants qui veulent auditionner six membres de son mouvement. Dans des menaces à peines voilés, ses « proches » mettent en garde le Tribunal contre toute tentative de s'en prendre à la Résistance ou à l'un de ses membres. Ils n'excluent pas de rééditer la razzia de Beyrouth du 7 mai 2008. Principale crainte des responsables chiites : que le TSL qui soupçonne simplement certains cadres du mouvement qu'il a auditionnés la semaine passée d'implication logistique dans l'assassinat de Rafic Hariri, l'ancien Premier ministre libanais, leur colle la responsabilité entière. Certains craignent que ces dossiers montés de toutes pièces – la plupart des éléments de ce dossier ont été publiés en mai 2009 par Der Spiegel l'hebdomadaire allemand-, n'incriminent l'ancien chef militaire du Hezbollah Imad Moghniyé pour le compte d'Israël qui l'aurait liquidé. Israël qui aurait liquidé le responsable armé du Hezbollah, le 12 février dernier à Damas, avec la complicité de Syriens d'origine palestinienne, selon le Hezbollah, aurait-il un nouveau plan pour déstabiliser le pays qui souffre de «conflits» entre sunnites et chiites à l'approche des élections ? Le Hezbollah qui a été ciblé mais en vain par la résolution 1559, la guerre de l'été 2006, les décisions portant sur le réseau téléphonique du parti promet de faire échec à tout plan qui viserait à l'affaiblir. La majorité persiste et signe. Elle ne veut, dit-elle, que la vérité. «Quel qu'en soit le prix», précise-t-elle. Saad Hariri, le Premier ministre, prévient ceux qui «manœuvrent» pour mener le Tribunal sur une autre voie que celle qu'il s'est tracée. «Les forces de l'ordre, l'armée et les Forces de sécurité intérieure sont parfaitement en mesure de préserver la sécurité des Libanais. Toute tentative de porter atteinte à la sécurité du Liban sera réprimée d'une main de fer par les forces militaires et par le gouvernement d'union nationale. Il ne saurait être question de mettre en danger la sécurité du Liban. Nous nous opposerons de manière stricte et ferme à toute tentative de torpiller le tribunal international ou de porter atteinte à la sécurité du Liban», dit-il. Fouad Siniora, le Bloc du futur, soutient lui aussi le TSL dont il loue le « professionnalisme». Comme Hariri, il dénonce «toutes les allusions, les fuites et les conclusions émanant d'ici ou de là au sujet des activités du tribunal et des résultats de l'enquête» et estime qu'une autre guerre provoquée par des divisions internes anéantira le pays.