L'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri continue et les Libanais s'inquiètent. Le juge italien Antonio Cassese, président du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) déploie une intense activité et comme hasard, au moment où la Syrie est de nouveau sous menace américaine et que le Liban fait l'objet de remontrances de la part d'Israël qui cherche à l'envahir pour soi-disant prévenir des attaques du Hezbollah ! Bien que les enquêteurs du TSL aient entendu, en mars et en avril, de nombreux membres du Hezbollah qui leur ont donné des preuves quant à leur non-participation dans cet attentat, le président du tribunal, certainement sous la pression des Etat-Unis et de la France, cherche à établir une mise en accusation du parti de Hassan Nasrallah. Le TSL dont le siège se trouve à Leidschendam, près de La Haye en Hollande, s'apprêterait à publier un acte d'accusation impliquant des membres du Hezbollah dans l'attentat du 14 février 2005, qui a coûté la vie à Rafic Hariri et à 22 autres personnes. Hassan Nasrallah qui a réitéré sa détermination de coopérer avec le tribunal, a émis de fortes réserves sur la crédibilité de cette institution et exprimé de profondes craintes sur son instrumentalisation et la politisation de son action. Pour Hassan Nasrallah, le TSL doit faire ses preuves, surtout que la première enquête, menée en 2005 par le juge allemand Detlev Mehlis accusant directement la Syrie d'être responsable de l'assassinat, était fondée sur des preuves non crédibles et des témoignages montés de toute pièce. Le juge Daniel Fransen avait exigé, en mai 2009, la libération faute de preuves, de quatre généraux libanais incarcérés pendant un peu moins de quatre ans, à la demande de Mehlis. Ces officiers proches de la Syrie avaient été accusés, en août 2005, d'avoir participé à la planification et à l'exécution de l'attentat, avant d'être relaxés par le tribunal. Afin que la confiance soit rétablie et que le TSL soit blanchi de tout soupçon, le chef du Hezbollah réclame l'arrestation des faux témoins et l'identification de ceux qui les ont manipulés qui devraient être accusés, à leur tour, de complot et d'obstruction à la justice. Le Hezbollah maintient son hypothèse d'une implication d'Israël. Il reste qu'une accusation du Hezbollah provoquera de fortes tensions entre sunnites et chiites. C'est certainement ce que cherche Israël et ses alliés. Si le TSL n'aboutit pas à cela, ses enquêteurs, des ressortissants de pays occidentaux, auront été missionnés pour recueillir les dépositions des plus hauts dirigeants militaires du parti de Nasrallah dont personne ne connaît les visages, et qui sont les hommes les plus recherchés par Israël.