« Nous redoutons l'irréparable si un malheur quelconque touche ne serait-ce qu'un des 29 grévistes de la faim incarcérés dans les prisons de Tiznit, Salé, Agadir etc…» affirme M. Brahim Ghali, l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique, à Alger, dans un point de presse qu'il a animé jeudi matin au siège de l'ambassade. Interrogé avec insistance sur le sens à donner à « irréparable », il lancera : « Les efforts pour la paix et la sécurité dans la région risquent de recevoir un coup » sans donner plus de précision. Il demande à « l'Organisation des Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne et les Etats-Unis d'« intervenir en urgence pour amener le Maroc à libérer les 59 détenus d'opinion et prendre en considération les revendications des grévistes » de la faim depuis le 18 mars dernier, avant qu'il ne soit trop tard. Leurs revendications ? Un procès équitable et juste après 5 mois de détention ou leur libération immédiate et sans condition. Les Européens et les Américains, naguère si prompts à réagir au moindre soupçon de violation des droits de l'homme dans le monde arabe, africain et asiatique, réagiront-ils cette fois comme ils l'ont fait lors de la grève de la faim d'Aminatou Haider ou observeront-ils un « silence complice » qui encourage les autorités marocaines à poursuivre leur politique de répression ? « Leur vie est en danger, si la communauté internationale ne réagit pas à temps », dit-il plus d'une fois comme pour insister sur la détérioration de leur état de santé. « Ils souffrent de malaises cardiaques, de tension artérielle », dit-il avant d'indiquer la mise en place pour la première fois d'un comité de suivi dont il est membre pour alerter « l'opinion internationale, régulièrement, de l'évolution de l'état de santé des grévistes dont sept sont les défenseurs des droits de l'homme qui ont été emprisonnés par les autorités marocaines à leur retour d'une visite dans les camps de réfugiés sahraouis le 8 octobre 2009. Selon M. Ghali, d'autres prisonniers sahraouis pourraient rejoindre les « 29 » dans les jours à venir. Outre l'ambassadeur, la Task Force de la Coordination européenne des comités de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) a lancé, elle aussi, jeudi à Bruxelles, un appel urgent pour attirer l'attention de l'opinion publique européenne sur la « situation précaire » de la santé des prisonniers politiques sahraouis en grève de la faim qui « se détériore de plus en plus ». A Madrid, plus de 3 000 personnes ont formé hier une chaîne humaine pour dénoncer le « mur de la honte » le plus long du monde avec plus de 2 500 km, ses barbelés et ses millions de mines antipersonnel.