Photo : Slimene S. A. Les militants sahraouis des droits de l'homme ont, une fois de plus, été victimes des répressions et humiliation de la part du Makhzen. Les douze membres de la troisème délégation des activistes sahraouis des droits de l'Homme qui ont regagné jeudi El Ayoun après une visite de 21 jours dans les camps de réfugiés, ont été agressés par 700 policiers marocains en tenue de colons qui les ont accueillis à leur arrivée par des coups de bâtons sous l'œil complice des autorités. Les douze militants et les vingt citoyens venus les accueillir devant le domicile de M. Sidi Mohamed Dadach, le vétéran des prisons marocaines (25 ans de détention) ont eu droit à des coups de matraques. Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz et Enaama Asfari, membre de cette délégation, accusent les autorités marocaines d'avoir préparé cette agression pour empêcher les militants des droits de l'Homme, d'agir ou de communiquer. Les autorités marocaines œuvrent «à instaurer un climat de racisme haineux et à encourager le chauvinisme aveugle» à travers «la mobilisation de milices de services de sécurité marocains en tenue de colons marocains pour perpétrer des actes de terreur mettant en danger la vie des citoyens sahraouis», écrit dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, M. Ban ki-Moon, M. Abdelaziz. Mme Aminatou Haïdar, la première militante sahraouie des droits de l'Homme, emboîte le pas à son président. Elle estime que la situation est «très grave» et «peut provoquer un nouveau grand massacre dans les territoires sahraouis occupés similaire de celui de Timor oriental». Elle demande au président permanent de l'Union européenne, M. Van Rompuy d'intervenir de «manière urgente» auprès du Maroc pour le contraindre à respecte les exigences européennes en matière de droits de l'homme. Raisons de ces alertes ? Selon Mme Djimi Elghalia, vice-présidente de l'association des victimes des graves violations des droits humains commises par le Maroc au Sahara occidental, les autorités de Rabat ont lancé une campagne de recrutement de «milices de colons armés à la ville de Tan Tan et à El Ayoun pour mener des agressions contre les militants sahraouis». En attendant, répression ou pas, la liste des prisonniers qui adhèrent au mouvement de grève de la faim illimité s'allonge. Ils sont désormais 32 grévistes parmi les 56 prisonniers politiques sahraouis répartis dans 10 prisons marocaines. Mardi, pour protester contre «la dégradation de la situation des droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara», trois prisonniers sahraouis dans la prison de Marrakech ont rejoint le mouvement de leurs compatriotes. M. Fiengold et M. Payne, présidents de deux-sous commissions du Congrès américain ont exhorté la secrétaire d'Etat américaine, Mme Clinton, à «affirmer le soutien» de l'Administration aux efforts de l'envoyé personnel de M. Ban ki-Moon pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, et l'inclusion le «contrôle des droits de l'Homme» dans les prérogatives de la Minurso. «Le peuple sahraoui doit jouir de son droit à l'autodétermination à travers l'organisation d'un référendum démocratique», estiment les deux responsables appelant Mme Clinton à «saisir la tenue de la prochaine réunion du Conseil de sécurité pour demander la reprise, sans conditions préalables, les négociations entre le Font Polisario et le Maroc».