“Nous demandons au Premier ministre de démissionner immédiatement et de quitter le pays”. La Thaïlande qui est secouée par des crises politiques à répétition depuis les années 2000 est au bord de la guerre civile. Les rues de Bangkok sont devenues le théâtre d'affrontements meurtriers entre d'un côté, les «chemises rouges», partisans de l'ex-premier ministre en exil Thaksin, - contraint de quitter le pouvoir en 2006 après un putsch militaire et des accusations de corruption, qui réclament des élections législatives anticipées et de l'autre côté les forces de l'ordre et les partisans du Premier ministre Abhisit dont l'opposition exige non seulement la démission mais qu'il quitte le pays. «Nous demandons au Premier ministre de démissionner immédiatement et de quitter le pays», déclare Nattawut Saikuar, l'un des leaders de l'opposition. Soutenu par l'armé, M. Abhisit refuse de démissionner. « Moi et mon gouvernement continuerons de travailler pour régler la situation», dit-il, évoquant même «une enquête indépendante» pour désigner les responsables des nouveaux affrontements, les plus meurtriers depuis 1992, au moins 20 morts, dont un caméraman japonais de l'agence de presse Reuters et cinq soldats, et plus de 825 blessés. Des «rouges», qui représentent les paysans thaïlandais, accusent les autorités d'avoir utilisé des «armes de guerre» contre «des manifestants désarmés». « Il n'y a pas eu de balles tirées en direction des manifestants», assure Panitan Wattanayagorn, le porte-parole du gouvernement, promettant que les forces de l'ordre allaient désormais «garder leurs distances avec les manifestants» pour que «la situation ne dégénère pas davantage». Des témoins ont indiqué que les manifestants étaient aussi munis d'armes à feu et des engins incendiaires. Tard dans la soirée de samedi, les leaders de l'opposition ont exhorté le roi Bhumibol, le plus ancien monarque en exercice dans le monde, à intervenir pour «protéger ses enfants tués au milieu de la route sans justice». Ces heurtes qui font suite à l'instauration mercredi de «l'état d'urgence» interviennent après un mois de manifestations plus ou moins pacifiques des «rouges». Une cérémonie de deuil a été organisée hier en fin d'après-midi près du monument pour la démocratie à Bangkok.