Washington met le cap sur la sécurité nucléaire mondiale qui se dope des résultats de START II décrétant la baisse drastique des ogives (1.550 au lieu de 2.200) déployées, le plafonnement des vecteurs (800) pour les missiles inter-continentaux et des lanceurs (700). Inscrite dans la nouvelle conception d'Obama, plaidant l'urgence d'un « monde sans armes nucléaires», la conférence de Washington, regroupant 47 pays dont l'Algérie, est à la recherche d'un consensus pour valider le plan américain de sécurisation des stocks d'uranium hautement enrichi et de plutonium. Des rencontres sont, à cet effet, organisées avec le Sud-africain, Jacob Zuma, les Premiers ministres des deux « frères ennemis, indien et pakistanais, le président kazakh, Nazarbaïev, son homologue nigérian, Goodlock Jonathan, le souverain jordanien et le chef de gouvernement turc, Tayip Recip Erdogan. Mais, le tête-à-tête avec le Chinois, Hu Jintao est le plus attendu. Car, le rendez-vous nucléaire mondial est marqué par le défi iranien qui suscite les pires inquiétudes occidentales. Washington qui espère convaincre et rallier Pékin à la panoplie des sanctions internationales a brandi la menace d'intervention contre l'Iran et les Etats qui ne respectent pas le TNP (traité de non-prolifération nucléaire). Toutes les options, y compris militaires et nucléaires, sont ainsi envisagées pour faire plier Téhéran qui résiste à toutes les pressions. Dans sa riposte, le guide suprême Ali Khamenei a stigmatisé «la menace nucléaire» qu'il a jugée déshonorante et rejeté préalablement les conclusions du sommet de Washington. Il a annoncé également la tenue d'un contre-sommet, prévu du 17 au 18 avril, à Téhéran, pour défendre l'idée de «l'énergie nucléaire pour tous, des armes atomiques pour personne ». La démarche controversée se légitime, par ailleurs, par le risque de prolifération des armes atomiques susceptibles de tomber entre les mains des groupes terroristes. «Nous savons, a déclaré Obama, que des organisations, comme El Qaïda, sont en train d'essayer d'obtenir une arme nucléaire qu'elles n'auront aucun scrupule à utiliser». Mais, cette forme de «diabolisation» n'est pas du goût de certaines puissances, comme la France, qui entend ne pas céder d'in pouce pour préserver le marché juteux du nucléaire civil. Paris, en leader mondial, entend éviter « toute confusion entre la sécurité et le désarmement nucléaire». A Washington, la nouvelle conception d'Obama, faisant l'inventaire des cibles privilégiées, pêche par une vision discriminatoire du risque nucléaire qui continue de faire la part belle à Israël détentrice de 200 ogives et non signataire du TNP ratifié par 189 pays. L'absence remarquée de Netanyahu qui s'est fait remplacé par son vice-Premier ministre, Dan Meridor, est en soi l'aveu explicite du fait accompli et de son refus d'œuvrer à un «Moyen-Orient sans armes nucléaires», revendiqué depuis des lustres par la Ligue arabe et réitéré au dernier sommet de Syrte. Pour le co-président de la commission internationale sur la non-prolifération nucléaire, l'Australien Gareth Evan, le traitement inéquitable ne peut longtemps se justifier et incite désormais à une contribution israélienne aux efforts internationaux. «Nous allons surmonter tout cela et reconnaître que si le monde tend vers le désarmement nucléaire, Israël doit prendre une part active à la résolution de ce dossier.» L'ancien patron de l'AIEA, El Baradei, a, quant à lui, estimé que «l'idéal est qu'Israël abandonne son arsenal. Mais si l'instabilité demeure, si on continue de voir les Palestiniens se faire liquider, si les guerres en Afghanistan, en Irak ou en Somalie se poursuivent, alors tous les scénarios sont possibles.» Israël aux 200 ogives est viscéralement opposé au règlement pacifique et définitif du conflit du Moyen-Orient : une exception à la règle ?