Sorti en 2009 aux Editions Casbah, « Le pied de Hanane » n'est pas un roman. C'est plutôt un vécu de la vie d'Aïcha Kassoul. Une œuvre étonnante et remarquable. Un témoignage de vie. Cet ouvrage rapporte les soucis d'une société tourmentée et bouleversée qui dévoile les préoccupations des uns et des autres dans un esprit plus au moins réaliste et un état de conscience solidaire avec la population algérienne. Visiblement, la thématique de cet opus ne vient pas du néant. Elle est basée sur un vécu profond et objectif de notre société et plus spécialement de sa jeunesse, avec ses différentes tranches d'âge, ses métiers. Dans cet écrit, l'auteure ne vise pas à combattre les maux sociaux mais à tenter de les exposer, afin de les atténuer pour un avenir meilleur. Vous présentez aujourd'hui votre ouvrage «Le pied de Hanane». Dites-nous en quelques mots, comment avez-vous conçu l'écriture de ce livre ? Les maux sociaux ne cessent de marquer douloureusement notre société. Il est difficile d'exprimer le malaise que l'on ressent, l'angoisse qui accable. Les mots et les silences disent le mal de la séparation, de la déchirure ou de la solitude, la douleur physique ou morale, ou encore le mal-être. L'écriture de ce livre s'est faite sur une longue durée, il y a quelques années, mais ce que je ressens est au quotidien. Une souffrance qui interpelle un passé pas très lointain, truffé d'interrogations, une sorte de construction qui se fait sous forme de parallèle ou d'écho entre le passé et le présent. Cette violence permanente m'a éperonné à écrire cet ouvrage. J'ai voulu, à travers ces mots, rapporter un vécu, notre vécu. Vous abordez dans ce livre, la question du témoignage. Comment situez-vous ce thème dans la diversité de votre carrière d'écrivaine ? Le témoignage est un individu qui extériorise ses sentiments, ses émotions. Le principe du témoignage est le vécu. Un vécu parfois gai, parfois trompeur. Vous avez assisté à la dernière foire du livre de Paris. Les autorités culturelles algériennes ont pris en charge les éditeurs et les écrivains algériens. Quelles impressions retenez-vous de cette grande rencontre intellectuelle annuelle ? Je tiens à préciser que ce n'est pas la foire du livre mais j'ai pris part à la 16e édition du Maghreb des livres qui s'est tenue à Paris en France. Parmi les auteurs présents, on compte Amine Zaoui, Maïssa Bey, Djamel Mati, Youcef Merahi, Lazhari Labter. Cette manifestation est initiée par l'association «Coup de Soleil», dont l'objectif est de mettre en valeur l'ensemble de la production éditoriale relative au Maghreb, éditée dans les deux rives de la Méditerranée, sous toutes ses formes. C'était une expérience intéressante pour moi, particulièrement les séances consacrées aux ateliers où nous avons débattu divers sujets de l'heure. Néanmoins, le livre français s'est accaparé la part du lion part rapport au livre algérien qui était quasi-inexistant. Tous les matins, vous présentez une émission radiophonique sur les ondes de la chaine 3 en analysant un thème littéraire. Comment opérez-vous le choix de ces thèmes ? Il est vrai que dans un temps, j'animais régulièrement cette émission qui me prenait tout mon temps. Seulement aujourd'hui, je l'anime tous les vendredi et samedi. Le choix des thèmes est délibéré, je le fais au fur et à mesure de mes lectures. Pour moi, le principe de la lecture est de se procurer un sentiment de plaisir. Donc, je ne fais pas de présentation thématique des ouvrages mais ce sont des coups de cœur. A vrai dire, il y a certains écrits qui m'attirent plus que d'autres, ceux qui traitent des principes humains, de la générosité, de la résistance, de l'amour, du désir. Je fais partager mes coups de cœur à mes auditeurs. En ce qui concerne la prochaine émission, je compte présenter l'ouvrage d'Alberto Moravia, un célèbre écrivain italien. Le pied de Hanane est votre dernier écrit. Avez-vous en projet une autre création littéraire ? Je prépare, en effet un autre livre. Je préfère prendre tout mon temps afin de réaliser un travail de qualité. J'ambitionne de puiser dans la littérature l'histoire. C'est-à-dire, je compte écrire l'histoire de l'Algérie dans un roman. En général, ce sont les historiens qui sont chargés de rendre compte des histoires et des événements historiques. Je pense qu'aujourd'hui les hommes de lettres savent aussi raconter l'histoire.