A l'occasion du 30e anniversaire du printemps berbère le Secrétaire général du Haut Commissariat à l'amazighité (HCA), M. Merahi Youcef, a souligné, au forum d'El Moudjahid, que la culture tamazight est une réalité dans le pays, dans la société et dans les institutions. Elle est devenue le troisième pilier de l'identité algérienne aux côtés des dimensions arabe et musulmane. « Ce sont des choses que personne ne peut contester. La preuve, si on revient 30 ans en arrière, on aurait jamais pensé entamer un débat de cette manière et au sein d'une institution publique qu'est le quotidien El Moudjahid », a-t-il souligné. Pour la première fois, l'Afrique du Nord dispose d'une institution officielle qui défend tamazight et qui est rattachée à la présidence de la République. En dépit des progrès réalisés, M. Merahi n'est pas satisfait. Pour lui, on aurait pu faire beaucoup plus et beaucoup mieux notamment pour éviter que tamazight ne devienne un enjeu politicien. « Il faut que l'Etat le prend en charge avec les moyens financiers, matériels et politiques », recommande M. Merahi. Selon lui, beaucoup de choses sont à reprocher à l'enseignement de tamazight considéré comme un grand acquis. « A titre d'exemple, 15 ans après, l'enseignement se fait toujours à titre expérimental. C'est encore une matière facultative et il n'y a pas encore une école normale qui forme des enseignants », note-t-il. Il souhaite que cette langue prenne sa dimension nationale. Il souhaite aussi que les 400 étudiants qui sortent chaque année des trois universités de tamazight ne passent pas par des concours pour aller enseigner parce que c'est le seul débouché qu'ils ont. Il propose que le ministère de l'Education établisse un recyclage ou tout simplement à ce que le ministère de l'Enseignement supérieur leur ouvre un ou deux modules de façon à qu'ils viennent renforcer les rangs des 1 184 enseignants en tamazight Il demande également que les moyens qui ont été mis à la disposition de la langue arabe dans les années 60 et 70 soient mis à la disposition de tamazight mais multipliés par 100. Ceci dans le but de rattraper le retard. Par ailleurs, M. Merahi n'a pas manqué d'évoquer les efforts fournis afin que le patrimoine qui existe soit transcrit au profit des générations futures. Le HCA a commencé par la traduction d'un livre de Mouloud Feraoun pour ensuite passer à la création c'est-à-dire l'édition des écrits en tamazight : les romans et surtout la poésie. « Depuis trois ans, nous accordons la priorité aux écrits scientifiques, de la recherche et plusieurs autres domaines dont la linguistique, la pédagogie, le lexique, les dictionnaires, etc. C'est notre but en ce moment», a-t-il déclaré, indiquant que le prochain salon aura lieu les 17, 18 et 19 mai à Bouira.