Le président américain Barack Obama, qui a laissé délibérément filer les déficits au nom de la relance de l'économie, a donné hier le signal de la lutte contre la dette, mais la banque centrale a averti que des hausses d'impôts paraissent inéluctables. Au moment où le déficit budgétaire et l'endettement de l'Etat fédéral atteignent des niveaux record M. Obama a installé une “Commission nationale pour la responsabilité budgétaire et la réforme” qui proposera au Congrès d'ici au 1er décembre des pistes d'économies. “Nous avons le devoir, envers les générations futures, de nous attaquer aux déficits structurels qui menacent d'enchaîner notre économie et de laisser nos enfants et petits-enfants avec une montagne de dettes”, a lancé M. Obama dans une allocution retransmise à la télévision. “L'heure de vérité approche”, a-t-il ajouté, tandis que l'économie américaine renoue progressivement avec la croissance après avoir bénéficié l'an dernier d'un énorme plan de relance. Mais la perspective d'une hausse des impôts ou d'une baisse des dépenses risque de compliquer la tâche de M. Obama alors qu'approchent en novembre les élections législatives de mi-mandat, traditionnellement néfastes au parti présidentiel. Le président s'est ainsi défaussé sur l'administration précédente de George W. Bush, qui lui a laissé un énorme déficit accumulé par les guerres en Irak et en Afghanistan et par les baisses d'impôts accordées aux plus riches. “Pendant des années, Washington a repoussé les décisions difficiles”, a-t-il remarqué, observant que pour le personnel politique, “il est plus facile de dépenser un dollar que d'en économiser un”. L'hôte de la Maison Blanche a appelé la nouvelle commission à passer au peigne fin les dépenses de l'Etat fédéral. “Tout doit être sur la table”, a-t-il exigé de l'organe présidé par deux vieux routiers de la politique américaine, le républicain Alan Simpson et le démocrate Erskine Bowles. Le déficit budgétaire des Etats-Unis a atteint un montant record lors de l'exercice 2008-2009, à plus de 1.415 milliards de dollars, soit environ 10% du produit intérieur brut du pays. La Maison Blanche prévoit que pour l'ensemble de l'exercice 2009-2010, qui s'achèvera fin septembre, il montera à plus de 1.555 milliards. Le gouvernement s'est engagé à ramener le déficit budgétaire aux alentours de 4% du PIB à moyen terme. Le président de la banque centrale (FED), Bernanke, a averti que la croissance ne suffirait pas à faire baisser le déficit à un niveau acceptable, laissant entrevoir des hausses d'impôts inéluctables. “Aucune prévision crédible ne permet de penser que le futur rythme de croissance de l'économie américaine sera suffisant pour réduire (le déficit) sans que l'on modifie profondément la politique budgétaire”, a déclaré M. Bernanke lors d'un discours à Washington. “Il n'y a pas de lois plus simples que celles de l'arithmétique : pour que le budget soit viable, quel que soit le niveau de dépense voulu, les recettes doivent être suffisantes pour soutenir ces dépenses à long terme”, a ajouté M. Bernanke. Le chef de la banque centrale a invité une nouvelle fois les autorités politiques à définir rapidement un plan crédible de réduction des déficits. Cela imposera “des choix et des arbitrages difficiles”, a-t-il conclu, “mais repousser ces choix ne ferait qu'infliger de gros dégâts à notre économie”.