Goodluck Jonathan, 52 ans, a prêté serment jeudi comme le 14e président du Nigeria où sept jours de deuil ont été décrétés. Selon la Constitution, il restera président jusqu'à la tenue des élections présidentielles-elles sont prévues en avril 2011- et devra choisir un vice-président qui sera logiquement originaire du Nord du pays, car lui est issu du Sud. Selon la presse nigériane, Nasir Ahmad el-Rufai, l'ancien ministre de la capitale Abuja (2003-2007) serait pressenti. Umaru Yar'Adua, 58 ans, qui a disparu de la scène politique depuis novembre 2009-il a été hospitalisé pour une péricardite pendant trois mois en Arabie saoudite- a rendu son dernier soupir mercredi soir à Abuja. L'ex-vice-président depuis 2007 que les Nigérians ont découvert quand il a été décrété « président par intérim » pour pallier la vacance de pouvoir ouverte laissé par Yar'Adua, un président qui est crédité d'intégrité et d'un engagement réel pour l'Etat de droit, aura-t-il le temps d'asseoir son pouvoir et imposer sa propre politique au pays le plus peuplé d'Afrique (150 millions d'habitants) qui a connu des décennies de coups d'Etat ? Réussira-t-il d'ici avril prochain à ramener le calme dans le delta du Niger, le cœur de l'industrie pétrolière et gazière du pays qui connaît des violences dues aux militants armés du Mend qui réclament une part de la manne pétrolière et mettre fin aux heurts interreligieux sur fond de tension économique au centre du pays ? Certes, il a, en tant qu'intérimaire depuis le 9 janvier dernier, démis en avril le ministre de la Justice et dissous en février le gouvernement. Pas plus. Selon les analystes, la disparition de Yar'Adua pourrait clarifier la situation politique au Nigeria où l'équilibre politique entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, composé essentiellement de chrétiens, est crucial. Au nom d'une alternance tacite dont le principe n'est pas inscrit dans la Constitution, les deux régions s'octroient chacune un double mandat. Après celui du « Sudiste » Olusegun Obasanjo (1999-2007) les analystes se demandent si le pays va suivre cette logique ou laisser Goodluck Jonathan tordre la logique de cette alternance si le People's Democratic Party ne le choisit pas comme son candidat. D'ici la présidentielle, la bataille promet d'être rude.