Résumé de la 8e partie n Dans la nuit, le prince Guêpier et la princesse Emeraude s'enfuient. Le Roi Rouge apparaît à l'horizon et ils sont obligés de recourir à une ruse pour s'en sortir... Ils mirent pied à terre tous les deux. Emeraude tourna l'anneau de son doigt et aussitôt le prince Guêpier se trouva en train de vendre des pastèques devant une grande ferme, entourée d'un jardin empli de fruits et de fleurs de toute sorte. Le Roi Rouge arriva bientôt. — Manant, dit-il, tu n'as pas vu passer un jeune homme et une jeune fille, montés sur un cheval rapide ? — Seigneur, je vends les petites pour trois écus, les grosses pour cinq. — Je ne te parle pas de tes pastèques, bouseux, mais de deux jeunes gens qui se sont enfuis à cheval. — II y en a même qui valent jusqu'à dix écus, dit Guêpier. Le roi donna de sa cravache sur le dos de Guêpier, puis sur le cheval, et partit : on aurait dit qu'il volait. Peu après, Emeraude et Guêpier le virent revenir, aussi furieux qu'au départ. Le Roi Rouge alla rendre compte à la reine de sa déconvenue : — Ils ont dû partir très tôt la nuit dernière et traverser le fleuve. — Et tu n'as rencontré personne sur la route qui aurait pu te renseigner ? — Personne... qu'un jardinier sourd qui vendait des pastèques près de sa ferme. — C'étaient eux, s'écria la reine ; et Emeraude une fois de plus s'est jouée de toi, car le jardin c'était elle, le jardinier Guêpier et la maison leur cheval. Aussi tu vas retourner tout de suite... Ils n'ont que le cheval aux dix étapes : tu les rattraperas... Le Roi Rouge sauta de nouveau sur sa monture et partit comme l'éclair. A l'endroit où il avait rencontré le marchand de pastèques il n'y avait personne : la ferme, le jardin et le jardinier, tout avait disparu. Il fit encore une longue étape et, à un moment, parvint près d'une école où un maître faisait la classe à une seule élève. — Maître, dit le roi, n'as-tu pas vu passer un jeune homme et une jeune fille montés sur un cheval rapide ? — Seigneur, dit le maître, il m'est impossible de prendre votre enfant dans mon école. Vous voyez bien que je n'ai qu'une élève ; encore est-ce ma fille. — Qui te parle de te confier un enfant ? Je te demande si tu n'as pas vu passer deux jeunes gens à cheval ? — Je suis trop vieux pour avoir plus d'un élève, dit le maître. Le roi jugea que le maître avait l'esprit un peu dérangé. Il repartit sans plus attendre, mais il eut beau presser son cheval aux quarante étapes, il ne trouva rien et bientôt rebroussa chemin. — Où sont-ils ? demanda la reine, dès qu'elle l'eut vu. — Je ne les ai pas rencontrés. Ils ont dû traverser le fleuve depuis longtemps. — Mais on te l'aurait dit. N'as-tu rencontré personne ? — Non, ou plutôt.., si : un maître d'école un peu fou, qui faisait la classe à une seule élève, et encore... c'était sa fille. (à suivre...)