Résumé de la 11e partie n Comme prévu par la reine, le prince Guêpier oublie la princesse Emeraude et s'installe dans la ville où il pense même à prendre épouse... Elle revint, poussant devant elle une pauvre bête tout efflanquée et velue, qui avait peine à se tenir sur ses jambes. Émeraude tourna l'anneau de son doigt. Aussitôt parurent un silo plein de blé et une grande meule de foin. Le bœuf ne fit plus que manger, boire, dormir, sans jamais sortir de l'enclos où tout lui était apporté. Bientôt arriva le jour où les habitants de la ville devaient aller rendre à Guêpier les bêtes qu'il leur avait confiées. Émeraude, qui savait le langage des bêtes, alla trouver son boeuf et lui dit : — Aujourd'hui ton maître va envoyer des hommes te chercher. Mais je t'avertis : c'est pour te tuer. Aussi, si tu tiens à la vie, ne te laisse pas emmener, résiste. Les hommes de Guêpier arrivèrent, allèrent dans l'enclos pour détacher le bœuf, mais celui-ci refusa de bouger. Ni les cris, ni les coups, ni les bottes d'herbe fraîche qu'on lui tendait pour l'attirer ne réussirent à le dresser sur ses pattes. On essaya de le soulever, mais il était devenu trop lourd depuis qu'Émeraude le gavait. On alla rendre compte à Guêpier, qui trouva le fait si étrange qu'il voulut venir le voir de ses yeux. Il entra, salua la vieille et les deux jeunes filles. Il regarda Émeraude comme s'il ne l'avait jamais vue. Elle constata qu'il avait toujours son anneau au doigt. Guêpier essaya, lui aussi, de faire lever le bœuf, mais il n'eut pas plus de succès que ses hommes. Il se tourna vers la vieille. — Peut-être que, comme c'est vous qui l'avez nourri, il vous écoutera. — Moi, non, dit la vieille, mais cette fille peut-être... Emeraude s'approcha de la bête, vautrée parmi le foin : — Bœuf, dit-elle, lève-toi, ou bien as-tu oublié ton maître... comme il nous a oubliés ? Le bœuf aussitôt se dressa sur ses pattes, et les hommes du prince purent l'emmener rejoindre le reste du troupeau. Guêpier, tout à la joie de la fête qu'il allait donner bientôt, n'y prêta plus attention. Avant de sortir, il se tourna vers la vieille femme. — N'oublie pas de venir demain à la fête avec tes deux filles; c'est demain que je me marie. Dès qu'il fut parti, la mère se tourna vers Emeraude : — Ma fille, lui dit-elle, demain, quand nous irons à la fête, ma fille et moi, prends bien garde de n'ouvrir à personne... — Mais je veux aller à la fête, moi aussi, dit. Emeraude. — Tu es une étrangère, tu ne peux pas venir, mais sois tranquille : nous ne tarderons pas. Emeraude supplia tant la vieille qu'à la fin elle obtint de pouvoir aller à la fête avec elle. (à suivre...)