Résumé de la 4e partie n Joseph Cariou agite sa chemise et son pantalon, en guise d'étendard afin d'être repéré par le navire français «Le Laborieux»... Sur «Le Laborieux», patrouilleur de la marine française, on n'imagine pas qu'il soit possible de retrouver vivant un marin de «l'Amiral Charner». Nous sommes le 13 février, le croiseur a coulé le 8 et tout espoir est désormais abandonné. Contrairement à ce que pensait Joseph Cariou, les recherches ont commencé très vite après le naufrage, mais elles n'ont rien donné, tout simplement parce qu'il n'y avait personne à sauver. A part ceux qui se trouvaient sur son radeau, tous les autres sont morts dans les minutes ou les heures qui ont suivi. C'est pourquoi, lorsque la vigie du «Laborieux» aperçoit un point noir sur la mer, elle ne pense pas à un radeau. Au contraire, elle distingue quelque chose qui se dresse verticalement et pense qu'il s'agit d'un périscope. Elle donne l'alerte, mais cette méprise ne va pas empêcher le sauvetage. «Le Laborieux» est, en effet, spécialisé dans la lutte anti-sous-marine. Le commandant de bord, le lieutenant de vaisseau Jacotin, donne ses ordres : — Branle-bas de combat ! Cap dessus à toute vapeur. A mesure que le patrouilleur se rapproche, il constate que ce sous-marin semble décidément bien curieux. Il a l'air en bois et un morceau de tissu flotte à son périscope. Bientôt, un homme debout, en sous-vêtements, apparaît dans les jumelles. Une chaloupe est mise à la mer. Lorsque arrivent ses sauveteurs, Joseph Cariou est incapable de faire un geste. Il faut le faire monter dans l'embarcation, puis le hisser, avec d'infinies précautions, à bord du «Laborieux». L'infirmier de bord le conduit dans la cabine du commandant et l'allonge sur la couchette. Le quartier-maître a perdu connaissance, mais il a au poignet son bracelet militaire, avec son identité, son grade et le nom de son navire. Le lieutenant de vaisseau Jacotin comprend alors qu'il est en présence du seul survivant des quatre cent vingt-sept hommes d'équipage de l'«Amiral Charner». Le médecin le déshabille, lui enlève son caleçon, son maillot de corps et la chaussette qui lui reste. Le tissu part en lambeaux, entraînant avec lui de larges plaques de peau rongée par le sel. Il lui entrouvre les lèvres et fait couler dans sa bouche un peu de thé mélangé à du rhum. Le rescapé revient à lui. Il y a un long moment de silence et il parvient enfin à dire — Joseph Cariou, quartier-maître sur l'«Amiral Charner»... Prévenez ma femme Maryvonne, à Clohars-Carnoët, Finistère... Elle attend un enfant.