Résumé de la 3e partie n Joseph Cariou, seul survivant sur le radeau, croit au miracle quand il voit un navire venir dans sa direction... Il quitte sa chemise et son pantalon. Il les attache à un aviron qu'il a pu récupérer après le naufrage du radeau, durant la première nuit, et il agite cet étendard improvisé avec le peu de force qui lui reste. Le bateau grossit, passe non loin de lui. Il peut voir distinctement sa silhouette : c'est un navire marchand, un cargo. Mais l'autre ne le voit pas, il continue imperturbablement, désespérément sa route, et il finit par disparaître. Joseph Cariou se laisse aller et reste prostré. Comment résiste-t-il à ce coup du sort ? Il ne le sait pas lui-même. Toujours est-il que la nuit arrive et qu'il est encore en vie. Elle lui apporte un peu de fraîcheur et, en même temps, elle représente un terrible danger. Il se rend compte que, s'il cède au sommeil, il est perdu. Il ne se réveillera que pour aller se jeter dans la mer en criant. Alors, dès que le soleil a disparu, Joseph Cariou fait tous ses efforts pour ne pas dormir. La fièvre commence à le gagner, mais il essaye de garder l'esprit lucide. Il pense à Maryvonne, au pays, à l'enfant qui va naître. Et il atteint ainsi la cinquième aube depuis que «l'Amiral Charner» a sombré corps et biens. Son calvaire recommence. Il y a quatre jours entiers qu'il n'a pas bu. Il sait que normalement c'est au-delà des forces humaines. Il ne doit sa survie qu'à une constitution exceptionnelle. Mais il sait aussi qu'il ne pourra pas tenir beaucoup plus longtemps. Ce cinquième jour, quoi qu'il arrive, qu'il soit sauvé ou qu'il aille rejoindre ses compagnons naufragés, sera le dernier sur son radeau. De nouveau, c'est l'attente qui commence, de quart d'heure en quart d'heure, d'heure en heure. A midi, il n'y tient plus. Il a trop soif. Il va faire comme le jeune matelot, tenter de boire son sang. Il n'est toujours pas blessé. Un petit couteau traîne encore sur le radeau. Il s'en saisit. Il est si faible qu'il ne parvient même pas à s'entailler la peau. Il y arrive enfin. Le sang coule, il le suce, mais cela ne le désaltère pas, au contraire, cela l'écœure, cela l'étouffe. Cette fois, c'est la fin ! C'est au moment où il désespère vraiment, pour la première fois depuis le début de sa terrible aventure, que le salut arrive enfin. Là-bas, une fumée ! Comme un automate, il reprend l'aviron où sont toujours noués sa chemise et son pantalon, qu'il n'a pas eu la force de remettre sur lui. Il se dresse, agite faiblement son signal et attend. Sur «Le Laborieux», patrouilleur de la marine française, on n'imagine pas qu'il soit possible de retrouver vivant un marin de «l'Amiral Charner». Nous sommes le 13 février, le croiseur a coulé le 8 et tout espoir est désormais abandonné. Contrairement à ce que pensait Joseph Cariou, les recherches ont commencé très vite après le naufrage, mais elles n'ont rien donné, tout simplement parce qu'il n'y avait personne à sauver. A part ceux qui se trouvaient sur son radeau, tous les autres sont morts dans les minutes ou les heures qui ont suivi. C'est pourquoi, lorsque la vigie du «Laborieux» aperçoit un point noir sur la mer, elle ne pense pas à un radeau. Au contraire, elle distingue quelque chose qui se dresse verticalement et pense qu'il s'agit d'un périscope. Elle donne l'alerte, mais cette méprise ne va pas empêcher le sauvetage. «Le Laborieux» est, en effet, spécialisé dans la lutte anti-sous-marine. Le commandant de bord, le lieutenant de vaisseau Jacotin, donne ses ordres : — Branle-bas de combat ! Cap dessus à toute vapeur. (à suivre...)