Défaillance n L'adaptation pose problème, parce que certains metteurs en scène reprennent un texte et le reproduisent tel quel. Omar Maâyouf, pour qui «le metteur en scène doit être responsable de son acte», déplore le manque de méthodologie dans l'exercice théâtral. «Le metteur en scène, déclare-t-il, ne sait pas où aller. Il mélange les styles et les genres sans définir au préalable une stratégie d'action. Il ne sait pas observer.» Il regrette, en outre, que «certains metteurs en scène travaillent sur l'intuition». «Ils improvisent», dit-il. Cela suppose que le devoir du metteur en scène est de se mettre au service de la création, de la recherche, de la réflexion et de l'innovation perpétuelle tout en étant à l'écoute de son entourage. «Mon but est de créer des sensibilités, provoquer l'imaginaire, créer des tensions, susciter des questionnements, dépister des tempéraments, mettre au jour des personnalités…», confie Haïdar Benhocine pour qui un metteur en scène, lorsqu'il prend un texte et le fait jouer sur scène, doit y mener d'abord un travail de recherche, c'est-à-dire le recréer et non pas le reproduire. D'où d'ailleurs une autre problématique, celle de l'adaptation. L'adaptation pose effectivement problème, parce que certains metteurs en scène reprennent un texte et le reproduisent tel quel, de telle manière que l'effet théâtral est altéré, amoindri. Kabouche Mohamed-Laïd, président de l'association Vanessa Studio (Annaba), situe, quant à lui, la crise ailleurs que dans la mise en scène. «On a de bons metteurs en scène et il n'y a pas de crise de textes», assure-t-il. Et d'enchaîner en expliquant : «Il y a une crise de lecture. Les gens du théâtre, notamment les jeunes, ne lisent pas – ou alors pas assez. La lecture n'est pas diversifiée.» Ainsi, les textes existent, sauf qu'ils ne répondent pas aux critères de l'écriture dramaturgique qui, elle, est une spécialité. «Elle exige des outils de travail spécifiques», explique-t-il, ajoutant qu'«il y a des auteurs, mais des dramaturges qualifiés sont en nombre réduit». Et de reprendre : «Pour écrire une pièce répondant aux normes de l'écriture dramaturgique, il faut avoir un vocabulaire et posséder un langage théâtral. Cela ne peut être acquis que par la lecture.» «C'est, d'ailleurs, pour cette raison que j'oblige mes comédiens universitaires à lire des pièces. J'anime des séances de lecture», poursuit Mohamed-Laïd Kabouche.