Questionnement n On a constaté lors des différentes représentations, dans le cadre de la 5e édition du festival national du théâtre professionnel (du 24 mai au 7 juin), que la plupart des pièces proposées au public, en in, étaient des adaptations. Bouzian Ben Achour, journaliste et critique d'art dramatique, estime que «la crise de texte» est un argument injustifié. «Je ne suis pas du tout d'accord avec ceux qui disent qu'il y a une crise de texte, ceux qui soutiennent cet argument le font, soit parce qu'ils ne connaissent pas le théâtre, soit parcequ'ils ont une attitude peu bienveillante à son égard.» Il estime que le texte est là, il existe. «On peut le trouver ici, on peut le traduire, on peut l'adapter d'autant plus qu'avec l'outil de l'Internet, il suffit juste de cliquer pour que l'on ait tous les textes que l'on veut. C'est, peut-être, pour certains, le manque de volonté qui fait qu'ils disent qu'il y a effectivement crise de texte.» Toutefois, Bouzian Ben Achour déplore que la plupart des metteurs en scène ne reprennent pas des textes du répertoire national. «il faut le faire avec un nouveau regard, de nouvelles sensibilités, avec de nouvelles appropriations des travaux des aînés», recommande-t-il. Même constat pour le critique et dramaturge marocain Abdelkrim Berchid qui, suivant de près le théâtre algérien, regrette que les metteurs en scène ne travaillent pas sur des textes locaux. «j'ai pu constater que les pièces présentées sont des adaptations de textes d'auteurs étrangers. Il aurait été préférable de travailler sur des textes écrits par des auteurs algériens, des textes authentiques, proches du vécu algérien.» Abdelkrim Berchid estime qu'il y a dans le répertoire algérien de bons textes auxquels les metteurs en scène devraient se consacrer avec autant d'imagination que de sensibilité. «Tous ces textes – en faisant référence à Kateb Yacine, Rachid Boudjedra, Tahar Ouatar ou encore Ouassini Laâredj – ne méritent-ils pas d'être adaptés ?», s'interroge-t-il. Par ailleurs, M. Berchid pense que si des metteurs en scène hésitent à adapter des textes authentiquement algériens, c'est seulement que nombre de ces textes traitent d'une actualité délicate, parfois brûlante, très sensible qui risquerait de froisser ou de déranger quelques susceptibilités. En outre, Abdelkrim Berchid, pour qui «l'adaptation est une création, une réécriture du texte initial», souhaite que «les metteurs en scène algériens s'engagent à encourager les auteurs locaux. Il est préférable pour le théâtre algérien de favoriser l'écriture, et ce, à travers des ateliers de formation, cela ne peut que donner des textes authentiques, proches des préoccupations quotidiennes de la société algérienne, des textes écrits dans un langage proche du public.» Il estime d'ailleurs nécessaire de rétablir le lien entre metteur en scène, poète ou romancier : «il n'y a pas, en fait, une crise de texte, mais simplement une crise de lien et de continuité entre les metteurs en scène, les poètes et les romanciers.»