On a pu constater que dans le théâtre algérien, on privilégie le verbe au corps, sachant que celui-ci est aussi un moyen d'expression. C'est vrai que la chorégraphie est très peu utilisée, ou presque pas dans un travail théâtral. C'est très dommage qu'on n'utilise pas le corps comme on utilise le mot, sachant que la chorégraphie est aussi un spectacle. C'est une construction théâtrale sans mot. C'est pour cette raison que j'estime qu'il faut intégrer l'expression corporelle – la chorégraphie – dans le jeu théâtral et l'associer au verbe. InfoSoir : Et que préconisez-vous ? Omar Maâyouf : Je crois qu'il faut favoriser une formation dans ce sens. Car le théâtre moderne nécessite une formation. Un homme de scène se doit d'être à la fois comédien et danseur. Le théâtre est un tout. On y trouve le jeu, la danse, la musique. En somme, le théâtre est l'action, et pour faire un beau spectacle, il faut qu'il y ait de l'action. Celle-ci émane de l'émotion. Chaque sueur comporte de l'émotion. Quelle est la spécificité du jeu corporel ? Je suis convaincu que le handicap du comédien algérien, c'est le corps. C'est pour cette raison qu'il faut privilégier l'intérêt pour la chorégraphie parce qu'elle aidera à enrichir le théâtre algérien. Car la danse est une expression dramatique. Travailler sur cette nouvelle vision, c'est renouveler l'approche du théâtre. Que pensez-vous de la manière dont le théâtre se fait en Algérie ? Il y a du travail qui se fait, mais on peut constater que, quelque part, c'est un travail basé sur l'intuition. Il n'y a pas de continuité. Il y a improvisation. Cela revient à dire qu'il y a absence de méthodologie. On peut observer dans un spectacle un mélange de genres et de styles, mais l'effort s'avère vain. On peut mêler à condition de savoir le faire. Un metteur en scène doit savoir observer et où aller. Ce qu'il faut retenir, c'est que le théâtre est une réflexion profonde et un travail continu. Avec ce qui se fait en ce moment, peut-on prétendre à une évolution de la pratique théâtrale ? Il y a forcément des résultats. Mais il faut attendre encore pour voir tous ces efforts porter leurs fruits. Maintenant, on ne peut pas se prononcer. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on perçoit les prémices d'une évolution.