Jusque-là, le théâtre algérien demeure un théâtre homogène se déroulant de la même manière qu'il y a quarante ans. C'est un théâtre conventionnel, figé, hiératique. Il est campé sur de vieux schémas et de modes – ou de formes – d'expression scénique. Même élan, même présence, même gestuelle et même langage. Jusque-là, il reste un théâtre de la parole, du discours – ou simplement de la représentation verbale. En somme, le théâtre algérien est un théâtre exclusivement du verbe. Il privilégie le mot et omet, en conséquence, l'autre langage, essentiel dans l'expression théâtrale, qu'est le corps. Le corps – par tabou ou par manque d'expériences – reste absent des planches. Il y est certes, mais ne s'exprime pas comme étant un langage à part entière à même de servir le jeu. Rares sont les expériences menées, çà et là, visant à intégrer le corps dans le jeu scénique. On y trouve effectivement des tentatives. Elles restent cependant timides et pas très engagées. Les comédiens bougent et se déplacent en effet, mais ont de la peine à l'émanciper en l'arrachant au mimétisme et aux stéréotypes. S'ils trouvent des difficultés à le dire pleinement et sans retenue, c'est parce qu'aucune recherche n'a été faite sur le rapport du corps à la scène et son rôle dans le jeu théâtral. Cela revient d'emblée à dire que les comédiens ne savent pas jouer avec leur corps, alors que le théâtre moderne est pluridisciplinaire. Il est ouvert à toutes les formes d'expression artistique, du jeu verbal à l'expression corporelle, en passant par l'image et le son. Le tout s'illustrant dans une spatialité qui, elle, favorise une correspondance théâtrale meilleure, idoine et poétique.