Devant l'ampleur du non, Jacques Chirac n'avait plus le choix. Il devait se séparer de son Premier ministre. C'est chose faite depuis hier-midi. Dominique de Villepin a été choisi au terme d'intenses consultations pour remplacer Jean-Pierre Raffarin au poste de Premier ministre. Jacques Chirac a choisi la fidélité et la caution sociale au libéralisme affiché par le président du parti présidentiel et ancien ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. Selon diverses sources, Nicolas Sarkozy, qui se dit prêt à assumer ses responsabilités, devrait être nommé ministre de l'Intérieur, tout en restant président de l'UMP. Pour remercier Jean-Pierre Raffarin de son dévouement, Jacques Chirac lui a permis de faire une courte déclaration afin qu'il parte dans la dignité. Le désormais ex-Premier ministre a vanté son travail durant près de trente-sept mois à Matignon. Il était bien le seul à défendre son bilan. Ses (anciens) amis politiques ont observé un silence poli. Voulant quitter la scène par la grande porte, malgré les résultats catastrophiques de son gouvernement, il a anticipé sur une future baisse du chômage en s'appropriant les efforts. En choisissant d'avoir un gouvernement bicéphale, de Villepin à Matignon et Sarkozy place Beauvau, Jacques Chirac veut rassurer la droite et garder un œil sur celui qui veut lui succéder à l'Elysée en 2007. Le nouveau Premier ministre a été nommé secrétaire général de l'Elysée après la victoire de Jacques Chirac. En 1997, il est l'un des artisans de la dissolution qui sera fatale au gouvernement d'Alain Juppé et ramènera Lionel Jospin au pouvoir. Mais il a gagné ses galons au Quai d'Orsay en portant la voix de la France lors de la crise irakienne. Son plus grand chantier qui l'attend est la lutte contre le chômage, qui a franchi au début de l'année la barre des 10%. Dominique de Villepin aime à se présenter comme un social-libéral. Si la droite gouvernementale a applaudi le choix de Jaques Chirac, en ménageant les principales sensibilités du parti gaulliste, la gauche crie au scandale. Tous les partis de gauche voient dans cette nomination un replâtrage. Le Parti communiste a demandé la dissolution de l'Assemblée. L'extrême droite va plus loin en réclamant la démission de Jacques Chirac. Le président de la République explique son choix par la nécessité d'une nouvelle impulsion, d'être plus à l'écoute de la société française précarisée par le chômage.