Détermination L?ancien ministre s?est exprimé hier à la télévision et a affirmé qu?il poursuivra son combat. Le plus fidèle conseiller du président français Jacques Chirac, l'ancien Premier ministre Alain Juppé, a décidé, hier, mardi, de continuer, au moins temporairement, son combat politique après avoir été condamné dans une affaire de corruption, un jugement qui a provoqué une tempête politique en France. Condamné vendredi dernier à 18 mois de prison avec sursis et à 10 ans d'inéligibilité, M. Juppé, chef du parti chiraquien, l?UMP, et député-maire de Bordeaux, avait aussitôt fait appel. Lors d'une intervention très attendue à la télévision privée TF1, il a indiqué qu'il comptait continuer ses activités politiques jusqu'au prochain jugement. M. Juppé compte préparer la relève à la tête de son parti, signifiant ainsi son abandon à terme de la politique. «Si l'appel confirme l'inéligibilité, je tournerai la page», a-t-il toutefois indiqué tout en soulignant que le verdict l'avait «bouleversé». «Je m'étais préparé à toutes les hypothèses, mais pas à celle-ci», a-t-il ajouté. La décision de l'ancien Premier ministre était d'autant plus attendue qu'il est généralement considéré comme le «dauphin» de M. Chirac et son potentiel successeur à la présidence de la République. Le président qui, dans le passé, l'a désigné comme «le meilleur d'entre nous», compte sur lui pour freiner les ambitions présidentielles avouées du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. «On ne laisse pas tomber ceux qui ont besoin de vous», a dit M. Juppé tout en renouvelant sa fidélité au président Chirac. «L'affaire Juppé» a eu pour effet d'alourdir le climat politique en France d'autant plus que les magistrats qui ont jugé l'ancien Premier ministre ont affirmé avoir subi de multiples pressions. Face à des révélations ? ordinateurs visités, téléphones écoutés ? susceptibles de ternir l'image de la France, le président Chirac a chargé trois personnalités indépendantes d'une mission d'enquête administrative, une procédure sans précédent dans ce genre d'affaires. Le ministre de la Justice et le président de l'Assemblée ont également demandé l'ouverture d'enquêtes. De son côté, le président Chirac a mis tout son poids dans la balance pour convaincre son fidèle lieutenant de ne pas abandonner la politique lui accordant un soutien sans faille. Alain Juppé «est un homme politique d'une qualité exceptionnelle de compétence, d'humanisme, d'honnêteté et la France a besoin d'hommes de sa qualité», a dit M. Chirac. Un hommage sans doute d'autant plus mérité que la condamnation de M. Juppé apparaît aussi comme le prix qu'il a dû payer pour sa fidélité à M. Chirac.