Phénomène n De nombreux jeunes Algériens sont contraints de vivre en solo. Leurs conditions socio-économiques ne leur permettent pas de fonder un foyer. Le problème du célibat en Algérie touche aujourd'hui plus de la moitié des hommes et près de la moitié des femmes ayant atteint l'âge du mariage. Une situation qui reflète le malaise social que vit une frange entière de la société. Souvent marginalisés, malgré toutes leurs potentialités, ces jeunes demeurent les premiers à subir les effets des difficultés économiques du pays. Il est vrai que dans une société où le chômage dépasse 87% chez les moins de 35 ans et 75% chez les moins de 30 ans, où la crise de logement est le problème numéro un des citoyens, il est difficile pour un jeune de se marier ou même d'y penser. Pourtant, il faudra bien qu'il se marie un jour pour se stabiliser et devenir «un homme responsable». Quoi qu'on dise et quoi qu'on avance pour justifier la situation, le célibat, surtout dans une société conservatrice comme la nôtre, demeure un grand problème. Le jeune Algérien n'a pas choisi le célibat comme c'est le cas dans les pays développés. Il est contraint, malgré lui, de vivre cette situation. Ce phénomène que nos aïeux n'ont jamais connu a commencé à se manifester à partir des années 1990 pour devenir aujourd'hui un véritable problème social. Le célibat ne constitue pas seulement une situation incommodante pour ceux qui sont contraints de vivre seuls, mais il est également un problème pour leurs proches et pour toute la société. «L'homme n'est pas fait pour le célibat et il est bien difficile qu'un état, si contraire à la nature, n'amène pas quelque désordre public ou caché», écrivait le philosophe Jean-Jacques Rousseau, il y a près de deux siècles. Il s'agit, donc, d'un état contraire à la nature humaine surtout dans une société qui ne permet pas la vie en couple aux hommes et aux femmes en dehors du mariage. Peu importe qu'il soit d'amour ou de raison, le mariage est une nécessité, notamment dans une société comme la nôtre où un homme ne peut pas être considéré par son entourage comme «responsable à part entière» s'il est encore célibataire. Pourtant, ils sont nombreux à continuer à vivre seuls, malgré eux, jusqu'à quarante ans, voire plus.