Scène n La compagnie Zenga-Zenga de théâtre du CongoBrazzaville a clôturé, hier, au TNA, le cycle de représentations programmées dans le cadre du festival. Sur la braise est l'intitulé de la pièce présentée au public. Adaptée du roman du Congolais Henri Djombo et mise en scène par George M'Boussi, la pièce revêt une portée sociale. Elle illustre le mouvement ouvrier à travers lequel se traduit la lutte des classes sociales pour la transparence et la bonne gouvernance, tout comme elle décrit l'effervescence des organisations syndicales. C'est l'histoire d'un cadre d'une entreprise qui se fait renvoyer de son poste, seulement parce qu'il a pris l'initiative d'agir en faveur de sa société, il a appliqué un plan de redressement et de sauvetage de l'entreprise. Son idéalisme ainsi que le sens de l'initiative dont il est animé, lui valent le courroux de ses supérieurs et même du ministre. Une réaction formelle et unilatérale. Il est aussi question dans cette pièce de bureaucratie et de corruption qui paralysent l'administration et retardent le développement économique. La pièce est classique, elle suit un cheminement académique. Toutefois, elle se déroule et évolue dans une spatialité vide, dépourvue de scénographie. Comme seul décor, quelques accessoires, tels que des chaises, un bureau... Même si la pièce s'achemine selon un modèle classique, elle n'en demeure pas moins attachée à une géographie définie. Elle s'inscrit dans un ancrage socioculturel authentiquement africain, une appartenance que le théâtre, à travers la pièce, convoque, revendique et affirme. La pièce fait référence à une spécificité identitaire ; celle-ci s'exprime comme indicateur d'une réalité et entité spécifiquement africaines. Cet indicateur apparaît notamment dans les chants – considérés comme parties intégrantes du langage scénique – que le metteur en scène intègre au jeu. Les chants – et d'autres composantes culturelles, tels les rites et les cérémonies – se présentent semblables à un langage théâtral. Celui-ci complète le jeu des comédiens qui se sont illustrés dans une interprétation franche, convaincante et limpide. Les comédiens se présentent alors comme étant porteurs d'un jeu juste et soutenu, et d'une théâtralité recherchée et authentique qui, elle, nous renseigne sur la manière dont le théâtre est pratiqué en Afrique. La pièce intègre le patrimoine, notamment immatériel, à la scène, l'adapte de manière non pas à choir dans un folklorisme figé et réducteur, mais afin de composer et un langage théâtral et une poétique. L'esthétique est telle, qu'elle confère à la pièce originalité et créativité. Cela revient d'emblée à dire que la pièce se dit instantanément sur un ton créatif. Elle est pensée d'une façon imaginative. Le jeu est beau, vivant et accrocheur. Il est à noter qu'avant la représentation, une cérémonie de clôture du Festival international de théâtre d'Alger a eu lieu et a été marquée par la remise de distinctions à l'ensemble des artistes africains participants ainsi que par un spectacle collectif intitulé «Diwan panafricain». Il s'agissait d'une performance – une composition de chants et de contes, puisés dans le terroir de l'Afrique profonde et ancestrale.