Accusation n L'opposition, qui a une nouvelle fois dénoncé hier une fraude massive lors de la présidentielle, va déposer un recours devant le Conseil constitutionnel. Une commission se met au travail pour permettre le dépôt d'un recours devant le Conseil constitutionnel au plus tard ce mardi. «Cette opération de vérification permettra sans doute d'avancer des preuves tangibles sur cette fraude massive», a avancé le porte-parole du Front national pour la défense de la démocratie en Mauritanie. Pour le porte-parole du FNDD, dont le candidat Messaoud Ould Boulkheir arrive en 2e position avec 16,29% des voix loin derrière le général putschiste, «le vote a été manipulé aussi bien en amont qu'en aval». «Il a été manipulé en amont, par la violation de l'accord de sortie de crise, la neutralité de l'armée n'a pas été observée, les moyens de l'Etat ont été utilisés par le candidat Ould Abdel Aziz.» Il a dénoncé l'utilisation des avions de l'armée et la distribution de vivres aux populations en pleine campagne par les institutions étatiques ainsi qu'une manipulation du fichier électoral. Mais quatre candidats sur neuf ont déjà reconnu les résultats et félicité le nouveau président. Le général Ould Abdel Aziz, 53 ans, a été élu dès le premier tour avec plus de 52% des voix. Parmi eux, le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour qui a obtenu 4,76% à la présidentielle, dont le parti Tewassoul fait pourtant partie du front anti-putsch. Le nouveau président avait écarté toute fraude : «En tout cas, notre camp n'a pas fraudé. Il ne suffit pas de dire qu'il y a eu fraude, il faut apporter des preuves». Les observateurs de six organisations internationales n'ont pas relevé de graves irrégularités le jour du scrutin. Tout en se félicitant du déroulement satisfaisant des opérations de vote, elles exhortent les candidats à recourir aux voies légales en cas de contestation. Elles pointent toutefois du doigt des «insuffisances», comme la présence envahissante des forces de l'ordre et celle de militants de certains candidats. Les missions d'observation de six organisations internationales qui ont supervisé le scrutin, se sont félicitées du «déroulement satisfaisant des opérations de vote». Il s'agit de l'Union africaine, la Ligue arabe, l'Organisation internationale de la francophonie, l'Organisation de la conférence islamique, l'Union du Maghreb arabe et la Communauté des Etats sahélo-sahariens. La communauté internationale, par ailleurs, restait prudente hier avant de prendre position sur cette délicate question. La Commission européenne a ainsi estimé qu'il était « prématuré de se prononcer » sur les résultats provisoires. En avril, l'UE avait officiellement suspendu pour deux ans sa coopération avec la Mauritanie en raison du coup d'Etat, assurant que cette coopération ne pourrait reprendre sans retour à l'ordre constitutionnel.