Décision n Les opérations d'expulsions des logements de fonction sont de plus en plus fréquentes ces dernières années en Algérie. Des dizaines de familles algériennes se sont retrouvées, du jour au lendemain, dans la rue après que les autorités eurent décidé de mettre à exécution les décisions d'expulsion. Devant la multiplication de ce phénomène et ses retombées négatives sur les familles, les victimes de ces expulsions arbitraires se sont mobilisées et ont créé un comité appelé SOS-Expulsion pour défendre leur droit au logement et coordonner leurs actions dans un cadre «légal». Ce comité a été officiellement créé, hier, au siège de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme. «L'Etat ne doit pas jeter ses enfants fidèles qui l'ont servi pendant de longues années», a déclaré un ancien cadre de la direction des affaires sociales. «On n'a pas le droit de jeter des familles entières à la rue, car la Constitution algérienne garantit le droit au logement à tous ses citoyens sans exception», a-t-il ajouté. En 1981 l'Etat a mis en place un arrêté qui autorisait les fonctionnaires qui jouissent d'un logement de fonction de l'acheter, toutefois cet arrêté n'a pas été appliqué sur un pied d'égalité pour toutes les personnes concernées. En effet, certains fonctionnaires ayant des liens dans l'administration ont pu aisément acheter leurs logement à des prix très bas, comme cet ancien fonctionnaire de la DAS qui a pu acheter la villa qu'il occupait dans le cadre du logement de fonction à seulement 19 millions de centimes, alors que ses voisins n'ont pas pu acheter leurs maisons après de longues années de démarches administratives. «L'administration nous a leurrés, si on savait depuis le début que nos demandes d'achat n'allaient pas être accordées, nous aurions agi autrement pour trouver des solutions pour nos enfants», a déploré un membre du comité. Selon le porte-parole de SOS-Expulsion, Djamal Bouragaa, des gens ont pu acheter des bâtisses entières sans aviser les familles qui y résident. «Nous dénonçons ces expulsions arbitraires, et nous appelons la justice à faire son travail et statuer dans certains actes douteux», a-t-il ajouté. De nombreuses victimes ont assisté au point de presse organisé au siège de la Laddh. Il s'agit des représentants de 17 familles expulsées à Birkhadem et qui sont dans la rue depuis 40 jours, d'une représentante de quatre familles expulsées depuis 12 jours de leurs logements de fonction à Bab Ezouar, ainsi que des représentants de 11 familles qui seront prochainement expulsés de leur logements à Staouéli. «Nous allons défendre nos droits et nous sensibiliserons les gens qui souffrent de ce problème et nous allons dénoncer les procédures douteuses qui visent à priver les gens de leur droit élémentaire qu'est le logement», a déclaré le porte-parole de SOS-Expulsion. «Nous demandons l'ouverture d'une enquête sur ce sujet et nous demandons à être relogés dans le cadre de la loi.»