Situation n «Nous assistons à une tempête d'expulsions, c'est une honte, car chaque jour des familles entières sont jetées à la rue, sans que cela suscite un quelconque état d'âme chez les autorités.» C'est ce qu'a déclaré, hier, Nourredine Belmouhoub, membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, dans une conférence de presse tenue au siège de la ligue à Alger. Le conférencier a d'emblée tiré la sonnette d'alarme sur la situation dans laquelle vivent les nombreuses familles expulsées, mais aussi sur les circonstances de leur expulsion. «Des fonctionnaires qui ont exercé dans les institutions de l'Etat, notamment au ministère de la Défense nationale et dans les services de sécurité, ont été expulsés du logement qu'ils occupaient depuis des dizaines d'années», a-t-il regretté. «Les textes de loi sont bafoués, et la loi n'est pas respectée, des procès uniques et iniques sont faits. Les logements sociaux sont distribués gracieusement, puis sont revendus par la suite», a-t-il ajouté. Dans le même contexte, M. Belmouhoub a expliqué que des familles sont expulsées de leur maison sans aucune explication.» «Comment peut-on expliquer l'expulsion d'une famille dont six membres sont des femmes ? Ces dernières occupaient un logement, un beau matin leur oncle leur demande de sortir, en leur disant que c'était sa maison, et qu'elles y sont entrées par force alors qu'elles y sont nées ?», s'est-il interrogé. «Le pire est qu'elles ont payé le loyer à l'Opgi jusqu'à 2010, mais elles sont dans la rue parce que leur oncle est un ancien moudjahid», a-t-il ajouté. En outre, il a indiqué que les logements sociaux sont attribués à ceux qui ne les méritent pas, alors que plusieurs familles qui se trouvent dans la rue en ont besoin. «Je remets en cause l'attribution des logements sociaux, et je peux le prouver. Des APC ont attribué des logements sociaux à des gens qui les ont mis en vente, alors que cela est interdit. Des gens qui touchent 24 000 DA ou plus ont bénéficié d'un logement alors que ceux qui en ont vraiment besoin n'ont pas pu en bénéficier», a-t-il affirmé.Afin de mettre un terme à toutes ces expulsions, M.Belmouhoub a lancé un appel aux hautes instances de l'Etat, à leur tête le président de la République, pour prendre une décision avant l'arrivée de l'hiver. Lors de cette conférence, de nombreuses personnes qui ont été expulsées de leur logement étaient présentes. Un femme âgée de 78 ans a été expulsée de son logement qu'elle occupait depuis l'indépendance. «Ce qui me chagrine le plus c'est d'avoir été expulsée à cet âge, alors que la loi l'interdit, mais ils l'ont fait, je suis dans la rue depuis plus de deux mois», nous a-t-elle expliqué. Pour sa part, une jeune fille a raconté que sa famille a été expulsée de son logement de fonction le 2 septembre 1999. «Nous avons saisi le maire, le chef de daïra, mais nous n'avons eu aucune réponse.» l Selon les chiffres communiqués hier par le comité «SOS expulsion», le nombre des familles expulsées a grimpé de 90 à 108 en l'espace d'un mois. Le nombre d'enfants jetés à la rue est passé de 90 à 171. Toujours selon ce comité, chaque jour une famille algérienne se retrouve dans la rue.