Résumé de la 8e partie n Mr et Mrs Battle reçoivent une convocation du pensionnat où réside leur fille, qui vient de commettre, d'après la principale du collège Miss Amphrey, de menus larcins... L'après-midi même, dans le salon ultramoderne et d'un goût très personnel de miss Amphrey, le superintendant, très droit, se carrait dans son fauteuil. Mains en battoirs posées sur les genoux, il affrontait la principale et trouvait le moyen de paraître, plus encore que de coutume, policier jusqu'au bout des ongles. Miss Amphrey obtenait un franc succès à la tête de l'établissement. Elle avait de la personnalité - beaucoup de personnalité - elle était cultivée, à la page, et ses méthodes combinaient la discipline traditionnelle et les théories les plus avancées sur la responsabilité personnelle. Son salon reflétait bien l'esprit qu'elle entendait faire régner à Meadway. Du blanc cassé en dominante. De grandes brassées de jonquilles et des vases de tulipes et de jacinthes. Une ou deux bonnes copies de la statuaire grecque, deux sculptures avant-gardistes et, aux murs, deux primitifs italiens. Au beau milieu de tout ça trônait miss Amphrey elle-même, vêtue de bleu profond, la mine soucieuse de bien faire d'un lévrier consciencieux et l'œil azuréen derrière des lunettes à verres épais. — L'important, affirmait-elle d'une voix nette et bien modulée, c'est que cette affaire soit traitée comme il convient. C'est à l'enfant que nous devons penser, Mr Battle. A Sylvia ! Il est impératif, impératif, que son devenir n'en soit en rien affecté. Nous ne devons en aucun cas la charger d'un fardeau de culpabilité. Si elle doit être blâmée - et le faut-il vraiment ? - que ce soit avec infiniment de mesure. Ce que nous devons, c'est trouver les raisons qui sont à l'origine de ces chapardages bien vulgaires. Un complexe d'infériorité, peut-être ? Elle ne brille pas au plan sportif, vous le savez... Alors, un souhait inconscient de se faire valoir dans un autre domaine ? Le désir d'affirmer son ego ? Il nous faut faire preuve de la plus extrême prudence. C'est pour cela que j'ai voulu d'abord vous voir seul à seul. Pour bien vous faire comprendre à quel point vous devez montrer du doigté. Je vous le répète, il est fondamental de trouver ce qu'il y a derrière tout cela. — C'est bien pourquoi je me suis dérangé, miss Amphrey. Il s'exprimait d'un ton paisible, le visage impassible, et son regard jaugeait la principale. — Je lui ai témoigné beaucoup de douceur, reprit cette dernière. — C'est bien bon de votre part, miss. — Voyez-vous, je les comprends et je les aime, ces petites. Battle ne répondit pas directement : — J'aimerais voir ma fille tout de suite, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, miss Amphrey. Avec une insistance renouvelée, miss Amphrey l'adjura d'être prudent... d'user d'infiniment de douceur... de ne pas heurter de front une enfant à la féminité naissante... Le superintendant ne montrait aucun signe d'impatience. Il se contentait de la fixer de ses yeux impénétrables. (à suivre...)