Résumé de la 12e partie n Après avoir écouté sa fille, Mr Battle informe miss Amphrey qu'il va envoyer la police enquêter sur les vols commis au collège... Cinq minutes plus tard, tout en franchissant la grille au volant de sa voiture, Sylvia à côté de lui, il s'enquit : — J'ai croisé dans le couloir une petite blonde frisottée, avec des joues très roses, un grain de beauté sur le menton et des yeux bleus très écartés. Tu as une idée de qui ça pourrait être ? — D'après ta description, ça ressemblerait assez à Olive Parsons. — Eh bien, je ne serais pas du tout étonné si la voleuse, c'était elle. — Elle avait l'air d'avoir la frousse ? — Non. Elle avait l'air arrogant ! Cet air d'arrogance souveraine que j'ai vu afficher des centaines de fois par des prévenus. Je te parie tout ce que tu veux que la voleuse, c'est elle. Mais ne compte pas sur cette gosse-là pour avouer ! — C'est comme si je sortais d'un cauchemar, murmura Sylvia avec un soupir. Oh, papa, je te demande pardon ! Je te demande vraiment pardon. Comment ai-je pu être aussi bête, aussi monstrueusement stupide ? Si tu savais comme j'ai honte... — Bah ! ne te fais plus de souci, grommela le superintendant Battle en lâchant le volant d'une main pour tapoter le bras de sa fille. C'est pour nous mettre à l'épreuve que de tels malheurs nous sont imposés. Oui, pour nous mettre à l'épreuve... Du moins, je le suppose. Sinon, je ne vois pas pourquoi diable nous devrions les subir... 19 avril Le soleil inondait à flots la maison de Neville Strange, à Hindhead. C'était une de ces radieuses journées d'avril, comme le début du printemps nous en offre au moins une fois l'an, plus chaude que toutes celles du mois de juin qui va suivre. Neville Strange descendait l'escalier. Vêtu de flanelle blanche, il portait sous le bras quatre raquettes de tennis. S'il avait fallu élire un homme à qui la chance avait prodigué tout ce qu'il pouvait souhaiter, c'est lui que le comité de sélection aurait sans doute choisi. Bien connu du public britannique, joueur de tennis de haut niveau, il avait en outre fait preuve de ses qualités de sportif dans bien d'autres disciplines. S'il n'était jamais parvenu à atteindre les finales de Wimbledon, il avait souvent passé de nombreux tours et, en double mixte, s'était par deux fois hissé jusqu'aux demi-finales. Peut-être s'intéressait-il à trop de sports pour devenir un vrai champion ? Scratch au golf, excellent nageur, il avait aussi conquis dans les Alpes quelques sommets difficiles. A trente-trois ans, il était beau garçon, jouissait d'une santé de fer, possédait une fortune considérable et, récemment marié à une femme splendide, semblait ne connaître ni chagrin ni souci. Et cependant, par ce matin radieux, alors que Neville Strange arrivait au bas des marches, une ombre passait sur son visage. Une ombre peut-être imperceptible à tout autre que lui, mais qui l'incitait à plisser le front et lui donnait une expression troublée et indécise. (à suivre...)