Résumé de la 10e partie n Miss Amphrey informe Mr Battle que Sylvia, sa fille, avait avoué ses méfaits c'est pourquoi elle était certaine de sa culpabilité... Sylvia se tordait les mains. — Je... je te demande pardon, papa, murmura-t-elle, le front bas. Je te demande vraiment pardon. — C'est bien le moins. Approche un peu. De mauvaise grâce, elle vint à lui. Il lui prit le menton dans sa grosse main carrée et la fixa droit dans les yeux. — Tu viens de traverser une sale passe, hein ? Des larmes perlaient aux paupières de la jeune fille. — Tu vois, Sylvia, j'ai toujours su qu'avec toi, il y avait quelque chose qui clochait. La plupart des gens ont une faiblesse quelconque. En général, ça se voit tout de suite. On remarque très vite si un gosse est gourmand, ou s'il a mauvais caractère, ou s'il est bagarreur. Toi, tu étais une enfant sage, tranquille, tu avais bon caractère, tu ne nous posais jamais de problème... Et ça m'inquiétait, parfois. Parce que, quand il y a dans l'acier une paille qu'on ne discerne pas, elle peut ruiner tout l'édifice quand on en fait une poutrelle. — Comme moi ! — Oui, comme toi. Tu as craqué sous la pression, mais d'une façon bien bizarre. Si bizarre que je ne l'avais encore jamais rencontrée de ma vie. — J'aurais imaginé que tu avais pourtant vu assez de voleurs dans ta carrière, jeta-t-elle, amère. — Oh, oui... Je sais tout des voleurs. Et c'est pour ça, ma chérie - et non parce que je suis ton père, car les pères ne savent pas grand-chose de leurs enfants -, c'est parce que je suis flic que je sais très bien que tu n'es pas une voleuse. Tu n'as jamais rien volé ici. Les voleurs, il y en a deux sortes. Il y a ceux qui cèdent à une tentation violente et soudaine - et ça arrive bougrement peu souvent, c'est fou à quel point l'être humain moyen sait être honnête et résister à la tentation... - et puis il y a les autres, ceux qui s'emparent de ce qui ne leur appartient pas comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Toi, tu ne fais partie d'aucune de ces deux catégories. Tu n'es pas une voleuse. Tu es une menteuse d'un genre bien particulier. — Mais... Il balaya l'objection : — Tu as tout avoué ? Ça, je le sais. Figure-toi qu'il y avait une sainte, autrefois. Elle avait l'habitude d'aller distribuer du pain aux pauvres. Et ça ne plaisait pas à son mari. Un jour, il l'a vue sortir, et il lui a demandé ce qu'elle cachait dans son panier. Elle a perdu son sang-froid et lui a répondu que c'étaient des roses. Le mari a fait sauter le couvercle du panier et - ô miracle ! - il contenait bien des roses ! Mais toi, si tu avais été sainte Elisabeth et que tu sois sortie avec un panier de roses, si ton mari t'avait demandé ce que tu emportais, tu aurais craqué et répondu : «Du pain.» Il s'interrompit, puis demanda avec plus de douceur : — C'est bien comme ça que ça s'est passé, n'est-ce pas ? Il y eut un nouveau silence. Et la jeune fille baissa soudain la tête. — Dis-moi tout, mon petit. Qu'est-ce qui s'est passé au juste ? (à suivre...)