Les expulsions de familles entières de leurs logements, pas toujours nécessaires et quelquefois entachées d'irrégularités, ne se sont pas arrêtées en ce début de Ramadhan. La Laddh et le Comité SOS familles expulsées ont tenu à réagir. En deux mois d'existence à peine, le Comité SOS familles expulsées a reçu 60 dossiers de familles chassées de leurs logements avec un total de 90 enfants scolarisés. C'est ce qu'a révélé le porte-parole dudit comité, Djamel Bouregaâ, lors d'une conférence de presse animée hier au siège de la Laddh présidée par Hocine Zehouane. “À ce rythme, nous sommes bien partis pour être la plus grande association du pays”, ironise-t-il. “Nous dénonçons toutes les expulsions abusives de certaines familles algériennes de leurs domiciles et nous faisons appel au président de la République pour geler toutes les décisions d'expulsion”, souligne un membre du comité. Pour sa part, Noureddine Belmouhoub, président du Comité SOS enfants en détresse, s'est dit “profondément choqué” par des expulsions qui se font en plein mois de Ramadhan. “Il y a ces jours-ci une fièvre des expulsions et on s'attend au pire”, dénonce-t-il. Et M. Belmouhoub de fulminer : “C'est une honte que dans le pays de 1,5 million de chouhada des femmes et des enfants soient jetés à la rue. On expulse des Algériens alors qu'il y a plus de 1 million de logements vides.” Pour lui, il n'y a pas l'ombre d'un doute : il y a une mafia de l'immobilier. Et en sa qualité de président du Comité SOS enfants en détresse, il pointe un doigt accusateur du côté des autorités qui “ne veulent pas ouvrir leurs yeux sur les enfants jetés à la rue”. Ce qui lui fait particulièrement mal, c'est le fait que les familles en détresse ne trouvent pas la moindre oreille attentive. “Personne ne répond aux doléances des citoyens, en allant du simple maire jusqu'au président de la République au mépris de la loi”, maugrée-t-il avant d'interpeller le chef de l'Etat pour intervenir dans ce dossier car, explique-t-il, “c'est la mafia de l'immobilier qui est derrière ce phénomène”. Très remonté, il est allé jusqu'à dénoncer “une Algérie à deux vitesses”. Et d'enchaîner : “Les autorités coloniales avaient institué les deux collèges au niveau de l'école. Aujourd'hui, nous avons généralisé les deux collèges à tous les niveaux.” Aussi, M. Belmouhoub ne s'est pas fait prier pour porter la contradiction au ministre des Affaires religieuses qui a déclaré qu'il n'y a pas de pauvres en Algérie. “S'il n'y a pas de pauvres, pourquoi on distribue alors des couffins pendant le Ramadhan et qu'on ouvre des restos de la rahma ?” lui rétorque-t-il. En plus des membres de la Laddh, des membres des familles ont été présents à la conférence. Une vieille femme habitant à Aïn Benian, se dit expulsée de sa villa sur la base d'un document rédigé à la main. La loi est pourtant claire : tout document non rédigé par un notaire ne peut être pris en compte. Comment se fait-il alors que la justice ait pu traiter l'affaire et prononcer l'expulsion de la femme dont il est question plus haut ? Mystère. Mieux, la plainte qu'elle a déposée contre les auteurs du document a été bloquée pendant plus d'une année, a-t-elle dénoncé. Un gendarme à la retraite, aujourd'hui âgé de 67 ans, a été expulsé de son logement de fonction aux Issers (Boumerdès), après plus de 30 ans de bons et loyaux services. Or, la loi est on ne peut plus claire : une personne dépassant la soixantaine ne peut être expulsée de son domicile jusqu'à son décès. “J'ai vraiment peur que mes enfants montent au maquis”, craint-il.