Paradoxe n L'offre en fruits et légumes ne peut être qu'importante en cette pleine saison. Mais les prix ne semblent pas près d'entamer une courbe descendante. Une problématique que l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) tente d'expliquer par le manque de marchés de proximité et de lois réglementant les marges bénéficiaires du commerçant, mais aussi par la prolifération du marché informel. L'offre est largement supérieure à la demande, selon l'Ugcaa qui révèle un gaspillage allant de 20 à 30% des fruits et légumes exposés dans les marchés de gros, faute de preneurs. De l'avis du président de la commission nationale des fruits et légumes de l'Ugcaa, ces chiffres montrent ce que gagnerait l'Etat et le citoyen si les autorités mettaient en place «des marchés de détail de proximité ou de quartier pour rapprocher le plus possible les produits du consommateur». Farid Touami assure que seule cette formule pourra stabiliser les prix et faire parvenir les produits aux consommateurs. Une suggestion qu'il appuie avec deux arguments de taille. Le premier est que seuls les produits stockés peuvent faire l'objet de spéculation à l'image de la pomme de terre et de l'oignon. Les chiffres avancés font état de 130 000 tonnes de pommes de terre stockées jusqu'à présent. Il n'en demeure pas moins que les deux aliments cités précédemment échappent entièrement aux spéculateurs puisqu'ils sont régulés par l'Etat, selon notre interlocuteur qui dément dans ce sillage l'existence «de spéculateurs influant sur le marché». Les produits maraîchers et certains fruits ne sont, quant à eux, pas stockés d'où la difficulté de spéculer sur ces denrées, tel est le deuxième argument avancé par M. Touami. Une analyse aussitôt démentie par la réalité du terrain. En effet, comme chaque année à l'approche du ramadan, les prix des produits alimentaires flambent. Et ce n'est pas l'abondance des fruits et légumes remarquée et confirmée par l'Ugcaa qui va dissuader les amateurs du gain facile. Les statistiques parlent d'une production nationale de viandes, l'autre matière très prisée en ce mois sacré, estimée à 300 000 tonnes annuellement. «40 000 tonnes de viandes rouges sont aujourd'hui disponibles et prêtes à être exposées sur le marché», affirme le président de la commission nationale des viandes rouges et blanches. Djemaâ Bellal a tenu, devant la hausse qu'ont connue les prix de ce produit, à relever la part de responsabilité du citoyen. Pour lui, «l'afflux extraordinaire que connaissent les marchés la veille et durant les premiers jours du ramadan contribue inévitablement à cette hausse au même titre que la canicule, le manque de climatisation dans les lieux d'élevage et la cherté des prix des médicaments et des aliments de bétail». Enfin, comme solution d'urgence, l'organisation compte proposer aux Assemblées populaires communales (APC) d'aménager des espaces au niveau des quartiers pour commercialiser les fruits et légumes durant ce mois de jeûne. L'Ugcaa prévoit également d'établir une mercuriale des prix de gros des produits alimentaires pour mettre les consommateurs au courant des prix réels du marché.