Résumé de la 13e partie n A Rochester également, les autorités religieuses dressent la population contre les Fox. Trois commissions d'enquête ont eu lieu. Ecoutons encore un témoin de l'époque qui a assisté à la troisième commission. Un témoin apparemment acquis aux sœurs Fox, ainsi que le montre son ton ironique contre les membres de la commission. «Le bruit de l'insuccès de cette suprême enquête ne tarda pas à transpirer dans la ville et fit monter à son comble l'exaspération de tous les «bons esprits» ; quant à la foule, de plus en plus furibonde et convaincue de la connivence des commissions avec les «imposteurs», elle déclara tout net que si le rapport définitif était encore favorable à la cause, elle lyncherait tout simplement les inculpés avec leurs avocats. Les deux jeunes filles, escortées de leurs parents et de quelques amis courageux, ne s'en présentèrent pas moins, malgré leur épouvante, à la redoutable réunion générale. Pâles, mais résolues, elles prirent place sur l'estrade de la grande salle, bien décidées à périr, s'il le fallait, martyres d'une impopulaire mais indiscutable vérité. La séance commença ; la foule était houleuse, frémissante, manifestement hostile… Le silence ayant été obtenu à grand-peine, la lecture du rapport fut faite par l'un des membres de la commission, celui-là même qui, lors de l'élection des nouveaux membres, avait déclaré d'un ton péremptoire que «s'il ne parvenait pas à découvrir "le truc", il se précipiterait dans la chute du Genessée», le petit Niagara de l'endroit. Et quelle fut la conclusion de ce fameux rapport qui devait irrévocablement et d'un seul coup abattre les sept têtes de l'hydre diabolique ? C'est que ses collègues et lui avaient bien réellement entendu les coups caractéristiques mais qu'il leur avait été impossible d'en découvrir la cause. C'est alors qu'au milieu d'un tumulte épouvantable se dressèrent par centaines les têtes de cette hydre d'une autre nature que celle du monstre mythologique, mais infiniment plus redoutable, bête monstrueuse et féroce qu'on appelle la foule, bête déchaînée dont les passions sont inconscientes dans leur ineptie, aveugles dans leur fureur sauvage. Et déjà elle escaladait l'estrade toute prête aux pires violences, lorsqu'un quaker nommé George Willets, dont la religion pacifique donnait une autorité particulière aux paroles qu'il prononça, déclara que «la troupe des ruffians qui voulaient lyncher les jeunes filles ne le ferait qu'en marchant sur son corps». Cette honnête et courageuse intervention fit reculer les misérables brutes, et la foule s'écoula tumultueusement. Les sœurs Fox échappent ainsi à la foule hostile… et elles vont continuer à recevoir dans leur cabinet d'autres foules, qui, elles ne songent qu'à communiquer avec les morts… Bien sûr, les adversaires continuent à se moquer des Esprits, mais des écrivains, des journalistes, des philosophes, des magistrats prennent aux sérieux les déclarations des sœurs Fox. Des centaines, puis des milliers de personnes se mettent, elles aussi, à «parler» aux esprits. Des cabinets spirites fleurissent partout aux Etats-Unis. On donne des séances, on se fait de l'argent… A Rochester, les sœurs Fox continuent leur petit bonhomme de chemin…