Atrocités n Des éléments de la CIA sont allés plus loin dans leurs interrogatoires en ne tenant pas compte du moindre respect de la dignité humaine. Des agents de la CIA ont menacé Khaled Cheikh Mohammed, cerveau auto-revendiqué des attentats du 11 septembre 2001, de tuer ses enfants s'il ne parlait pas lors de séances d'interrogatoires, selon un rapport interne à la centrale américaine du renseignement, rendu public hier. « Un agent expérimenté a expliqué que les interrogateurs avaient menacé Khaled Cheikh Mohammed : si quoi que ce soit d'autre arrive aux Etats-Unis, nous tuerons tes enfants», assure l'inspecteur général de la CIA dans ce rapport, dont des pages entières sont censurées et qui date de 2004. Il détaille, en outre, les conditions dans lesquelles un autre haut responsable d'Al-Qaîda, Abdel Rahim al-Nachiri, principal suspect de l'attentat contre le navire américain «USS Cole» en octobre 2000 au large du Yémen, a été interrogé. D'abord menacé d'un revolver pointé sur sa tête, celui-ci a également été menacé avec une perceuse électrique. «L'interrogateur est entré dans la cellule et a allumé la perceuse pour effrayer le détenu qui se tenait nu, une cagoule sur la tête», assure l'inspecteur général, en précisant que la perceuse ne l'avait jamais touché. Une autre fois, un traducteur lui a affirmé : «Nous allons faire venir ta mère ici et nous pouvons faire venir ta famille ici», dans un arabe dialectal avec un ton et un accent particuliers. Il s'agissait, selon le rapport, que Nachiri croie la rumeur qui courait à l'époque au Moyen-Orient, selon laquelle les techniques interrogatoires impliquaient le viol, devant les détenus, des femmes de leur famille. Face à ces révélations, le ministre américain de la Justice a annoncé, hier, lundi, la nomination d'un procureur pour enquêter sur les méthodes violentes utilisées par la CIA dans le cadre des interrogatoires antiterroristes. «Les informations que j'ai en ma possession, justifient l'ouverture d'une enquête préliminaire pour savoir si les lois fédérales ont été violées dans le cadre des interrogatoires de certains détenus hors des Etats-Unis», a expliqué le ministre de la Justice, Eric Holder, dans un communiqué. Il a précisé avoir décidé de confier cette «enquête préliminaire» à John Durham, un procureur nommé par son prédécesseur en 2008 pour enquêter sur la destruction par la CIA de 92 vidéos d'interrogatoires. Celui-ci lui fera des recommandations quant à l'éventuelle nécessité de mener une «investigation complète, sans pour autant présumer que des poursuites suivront automatiquement», a assuré le ministre. Une position qui suit les convictions du Président Obama qui s'est toujours dit opposé à des poursuites judiciaires contre les politiques antiterroristes pratiquées sous l'administration Bush, estimant qu'il valait mieux «aller de l'avant que regarder en arrière». Un peu plus tôt hier, des hauts responsables de l'administration ont annoncé que le Président Obama avait approuvé la création d'une nouvelle unité transversale chargée de conduire les interrogatoires de terroristes présumés.