Tradition n Instant magique, empreint de joie indescriptible mêlée à un sentiment de fierté inégalable pour les enfants qui accomplissent, pour la première fois, le jeûne du ramadan. Depuis l'annonce de l'approche du mois sacré, l'esprit de Mohamed Ikbal, garçonnet de sept ans, est «hanté» par cet événement. C'est ainsi qu'il ne cesse de harceler de questions ses parents. A travers leurs réponses, ils ont conforté son désir de franchir le pas et suivre ainsi leurs traces. Mohamed Ikbal, comme tant d'autres gamins, rêvait de se «mesurer» enfin aux adultes, de montrer qu'il était capable, lui aussi, de résister à la tentation de manger et de boire, une journée durant. Donner également la preuve à ses parents qu'il pouvait réussir cette épreuve d'endurance. Il confie que l'idée de faire carême lui vient de sa mère qui lui a expliqué, avant l'arrivée du ramadan, les bienfaits de ce mois et le mérite de l'accomplir, précisant, toutefois, que le fait de jeûner une ou deux journées l'aide à s'habituer et à se préparer, physiquement et mentalement pour les prochains ramadans. A la question de savoir si cette première journée initiatique n'a pas été trop dure, Mohamed Ikbal est affirmatif : «Je n'ai pas ressenti la moindre douleur ou difficulté tout au long de la journée, excepté l'envie de boire qui m'a saisi à la mi-journée. J'étais loin de me douter que je pouvais facilement jeûner toute une journée et que c'était également agréable de le faire à cet âge-là». Le jeûne des enfants donne traditionnellement lieu, à Médéa, à une cérémonie très symbolique dont les origines remontent loin dans l'histoire. Une cérémonie qui commence au moment de la rupture du jeûne, marquant la fin d'une longue journée «initiatique» qui requiert l'attention des deux parents ou toute la famille, afin de s'assurer de l'état de santé de l'enfant et éviter d'éventuelles complications d'ordre sanitaire. A l'heure du f'tour, l'enfant, vêtu d'une gandoura ou d'un autre habit traditionnel local, prend place sur le siège, placé au-dessus d'une table. Une manière d'exprimer le respect des parents pour leur enfant, saluer son courage et consolider sa place au sein de la famille. Confortablement assis sur son «trône», l'enfant a droit à un verre de «cherbet», préparé à la maison, à base de cannelle, de sucre, d'eau de fleurs d'oranger et d'eau, à l'intérieur duquel la maman met certains de ses plus beaux bijoux en or. Après cette cérémonie, l'enfant s'attable, à nouveau, avec le reste de la famille autour d'une «meïda» garnie de divers mets spécialement cuisinés pour la circonstance et entièrement dédiés à cet heureux événement qui prend les allures d'une nouvelle naissance pour tous ces gamins choisis pour passer ce test d'endurance. Sur le plan médical, les recommandations des médecins sont claires à ce sujet. Entre interdiction pure et simple et autorisation systématique, les médecins optent le plus souvent pour un «jeûne contrôlé» des enfants et sous certaines conditions susceptibles de protéger le chérubin.