«Ah ! Autrefois le ramadan avait un goût», s?exclame khalti Z?hor, une octogénaire, enfant de La Casbah d?Alger. Elle se souvient du ramadan de ses neuf ans, à Bir Djebbah, de ce temps où le mois sacré avait toute sa «signification», son «rituel», ses «odeurs»? Ce mois avait pour sens : «Piété», «solidarité» et «convivialité». «Il faut savoir que la communauté était organisée telle une fourmilière», relève-t-elle. Des préparatifs se faisaient dès chaâbane pour le ramadan accueilli avec enthousiasme. Il se déroulait dans la piété, la sérénité et la convivialité et était marqué par des cérémonies religieuses, des veillées des 15e et 27e jours, des fêtes de mariage et des circoncisions. On y célébrait aussi le premier jour du jeûne des enfants. Les journées se passaient dans l?entre-aide et la solidarité. Après les travaux ménagers, c?était au tour de la préparation des mets et plats, selon la tradition. Les soirées ramadanesques étaient des occasions où se réunissaient les femmes autour de chants, danses, contes et légendes ainsi que les bouqalete. Les hommes, eux, se rendaient dans les cafés et les cercles. Autrefois, ce n?était pas l?adhan, mais trois coups de canon pour marquer la rupture du jeûne. Ni la guerre ni les colons ne réussissaient à troubler ces instants mémorables du ramadan à La Casbah d?Alger. Enfin, l?Aïd est là, le ramadan s?en allait pour revenir les années suivantes dans la même ambiance. Khalti Z?hor évoquera pour nous ces instants «magiques».