Résumé de la 4e partie n Simon Wiesenthal retrouve la trace d'Eichmann dans la banlieue de Buenos Aires, il en informe Israël... Il y a là tout ce qu'on sait sur ce personnage mystérieux : sa taille, sa pointure, la couleur de ses yeux et de ses cheveux. Et aussi des dates, comme celles de sa naissance, de son mariage, la naissance de ses trois enfants et ses diverses promotions dans la SS. Enfin, il y a deux photos, les seules qu'on ait de lui. Sur la première, il est très jeune, elle remonte certainement à son adhésion chez les SS. La seconde, où il est en uniforme, peut être datée précisément de 1937, puisqu'il porte les galons de sous-lieutenant. Il a alors juste un peu plus de trente ans. Sur l'une comme sur l'autre, il montre un visage régulier, aux traits aigus, au regard dur et aux lèvres minces, exactement la caricature du SS tel qu'on l'imagine. C'est avec tout cela que Yigal, Gad et Dov vont tenter de percer l'identité réelle de Ricardo Klement. Car si celui qu'ils capturent et ramènent pour le juger n'est pas Eichmann, ce serait un scandale international sans précédent et un discrédit dont Israël aurait bien du mal à se remettre. Le premier soin des trois hommes est de se rendre à l'adresse indiquée, 2018 calle Garibaldi, à San Fernandino, et leur première impression est loin d'être encourageante. Ils se trouvent devant une masure en brique au milieu d'un terrain vague. Une femme corpulente à la mise négligée étend du linge sur un fil, dans ce qu'on ne peut pas appeler un jardin : c'est une étendue de terre nue, avec une citerne. Il n'y a pas l'eau courante. Dans l'image qu'on s'en fait, les criminels nazis réfugiés en Argentine habitent de luxueuses haciendas, avec des chiens et des hommes armés pour les garder. Bien sûr, il s'agit sans doute d'un cliché, mais il est difficile d'imaginer que l'ancien haut responsable SS vive dans une telle misère. Tout cela correspondrait davantage à Ricardo Klement, modeste ouvrier argentin travaillant dans l'automobile. En tout cas, c'est une raison supplémentaire d'être prudent. Mesurant toute la responsabilité qui est la leur - car ce sera à eux et à eux seuls de décider -, les trois Israéliens se mettent au travail. Ils commencent la filature de celui qu'il faut appeler, pour l'instant, Klement. En l'apercevant pour la première fois, ils éprouvent le même doute que lorsqu'ils ont découvert son lieu d'habitation. Vingt-trois ans se sont écoulés depuis la dernière photo, mais l'homme qu'ils ont sous les yeux n'est pas seulement plus vieux, il est différent. Il est presque chauve et ses traits se sont amollis, adoucis. Il n'a rien à voir avec le SS au visage tranchant. C'est un homme ordinaire, un brave homme, serait-on tenté de dire... Quoi qu'il en soit, la traque s'organise. Ricardo Klement se lève de bonne heure, fait sa toilette dans un petit appentis et il sort à 6h 45. Il embrasse son épouse, qui est toujours sur le seuil pour lui dire au revoir. De là, il se rend à l'arrêt d'autobus, situé à quelques centaines de mètres. Tout cela, c'est Gad qui l'observe à la jumelle, depuis une maison qui a été louée un peu plus loin. Gad téléphone alors à Yigal, qui se trouve dans une autre maison de Buenos Aires et qui servira éventuellement à séquestrer le prisonnier en cas d'enlèvement. La communication est brève. Elle tient en une seule phrase — Tout est normal. Ricardo Klement travaille à l'usine Mercedes-Benz de Suarez, une banlieue située de l'autre côté de la ville. Il arrive sur place à 7h 15, après une demi-heure de trajet. C'est alors à Dov d'entrer en scène. Il est habillé du même bleu de travail que les nombreux ouvriers qui se pressent pour entrer dans l'usine et il porte, comme la plupart d'entre eux, une mallette pour emporter le casse-croûte. Seulement, dans la sienne est dissimulé un appareil photo.