Dans les restaurants du cœur, nous ne sommes pas chez nous et il faut être dans la peau d'une personne qui les fréquente pour comprendre ce sentiment. Nous ne choisissons pas le menu. Le f'tour dans les restaurants de la rahma, est généralement servi à l'avance et ce, probablement, dans le but d'éviter les débordements. Pour les femmes, portant souvent djellaba et hidjab pour ne pas être reconnues dans la rue, on réserve un coin loin des hommes. Autour d'une table, on trouve des personnes de tous les horizons sociaux. Une image rare où nous voyons le SDF côtoyer le simple citoyen. Mais ces restaurants, au-delà de la charité qu'ils font, se substituent-ils à la maison ? Aucun point commun, répondent à l'unanimité ces démunis d'un mois. «C'est vrai que les organisateurs font tout pour nous satisfaire aussi bien sur l'organisation, que sur la qualité des repas, mais cela n'a rien à voir avec la maison», témoigne cet homme d'une cinquantaine d'années. «A la maison, la famille se réunit quelques minutes avant la rupture du jeûne ce qui n'est pas toujours possible les autres mois. Ici, je me sens tout seul et quelquefois humilié même si personne ne me dérange», avoue un autre père de famille qui a l'habitude de passer le ramadan loin de sa famille. A vrai dire, ces restaurants du cœur ne sont là que pour servir un repas chaud durant ce mois sacré à des personnes incapables, chacun pour des raisons particulières, de s'offrir de quoi tromper leur faim. La convivialité et la chaleur familiale n'existent que chez soi.